- Transition énergétique
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L’Espagne s’engage à produire 81% d’électricité renouvelable en 2030
Le pays ibérique s’affirme de plus en plus comme un champion européen du renouvelable. Les conditions d’implantation pour le solaire et l’éolien y sont très favorables.
L’Espagne revoit à la hausse ses objectifs de politique énergétique pour 2030. Ce mardi 24 septembre, en conseil des ministres, le gouvernement dirigé par Pedro Sánchez a adopté un nouveau plan énergétique. D’après ce document, qui a été remis à la Commission européenne, l’Espagne entend nettement accélérer le déploiement d’énergies renouvelables sur son territoire. L’ambition affichée est ainsi de parvenir à une production d’électricité issue de sources renouvelables à hauteur de 81% en 2030.
Le précédent objectif faisant état de 74%, le rehaussement est donc significatif. « Il s’agit d’un objectif ambitieux mais réaliste » a déclaré Teresa Ribera, ministre espagnole sortante de la Transition écologique et future vice-présidente de la Commission européenne en charge de la transition écologique et de la concurrence. Sans surprise, elle a confirmé que ce nouveau plan serait largement basé sur le déploiement du solaire et de l’éolien. Ce qui, selon elle, permettra de « réduire la dépendance énergétique » du pays aux énergies fossiles importées, qui tomberait à 50% en 2030 (contre 70% actuellement).
-32% en 2030
C'est le nouvel objectif de baisse des émissions de gaz à effet de serre de l'Espagne par rapport à 1990. Le précédent était de 23%.
Si l’Espagne semble aussi confiante envers les capacités futures de ces deux sources d’énergies renouvelables, c’est parce que leur essor y est réel et qu’il porte significativement ses fruits. En 2023, la production d’électricité renouvelable a atteint près de 135 000 gigawatts/heure, ce qui représentait plus de 50% du bouquet électrique national. Un an auparavant, ce taux était d’environ 42%. C’est donc dire la vitesse de progression du déploiement des renouvelables dans le pays.
L’éolien déjà au top, une montée en puissance du solaire attendue
Il faut dire que l’Espagne bénéficie de conditions optimales avec des régions qui bénéficient d’un ensoleillement exceptionnel. Selon les données de World Weather Online, plus de la moitié des villes européennes les plus ensoleillées se trouvent en effet en Espagne. Situé au croisement de l’océan Atlantique et de la mer Méditerranée, le pays jouit aussi de nombreux vents terrestres ou maritimes dans de nombreuses régions dont la Galice, l’Andalousie, le Pays Basque ou l’Aragon.
Ces dernières années, l’Espagne est ainsi devenue le deuxième pays d’Europe en matière de puissance éolienne installée. Au cours des prochaines années, c’est en particulier le solaire photovoltaïque qui devrait monter en puissance. Selon le gestionnaire du réseau électrique espagnol REE (Red Eléctrica de España), l’énergie éolienne a permis de produire 23,3% de l’électricité du pays en 2023 contre 14% pour le solaire. À noter que le plan espagnol confirme également la sortie totale du charbon dès 2025 avec la conversion au gaz de la centrale Aboño II.
Si les renouvelables prospèrent en terres ibériques, c’est aussi parce que le cadre juridique y est particulièrement favorable. De même, l’Espagne compte de nombreuses zones peu peuplées, ce qui permet l’implantation de méga-projets éoliens et photovoltaïques. Le pays accueille aussi des géants du secteur comme Iberdrola, un des leaders mondiaux des renouvelables. À terme, selon les propos de Pedro Sanchez, l’Espagne espère devenir « le premier pays européen pour la production et l’exportation d’énergies renouvelables ».
L’Espagne se rêve en exportateur d’hydrogène vert
Enfin, le gouvernement espagnol a également revu à la hausse ses ambitions de production en matière d’hydrogène vert. Pour rappel, l’hydrogène vert désigne l’hydrogène produit par électrolyse de l’eau à partir d’électricité renouvelable. Jusqu’à présent, l’Espagne prévoyait d’installer 4 GW d’électrolyseurs d’ici 2030. Un objectif qui vient donc d’être rehaussé à 12 GW. L’Espagne ambitionne notamment d’exporter sa production vers le nord de l’Europe en passant par la France. Un projet de pipeline entre Barcelone et Marseille est envisagé à cet effet et pourrait entrer en service en 2030.
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