Mobilité

Vers un transport zéro-émission ?

Le transport est un secteur clé de notre économie et de notre quotidien, mais c’est aussi un des plus grands émetteurs de gaz à effet de serre ! Il compte en effet pour plus d’un quart des émissions nationales. Des lois et des règlements européens ont récemment vu le jour pour sortir la mobilité de sa dépendance aux énergies fossiles. La France ambitionne ainsi de réduire de 40% les émissions polluantes du secteur d’ici 2030, grâce à l’électrification du parc automobile et au développement des transports collectifs. Mais les constructeurs sont- ils prêts à opérer cette transition ? Et nous-mêmes, allons-nous changer nos usages et nos habitudes si facilement ?

Dans cet épisode, Samuel, journaliste passionné par la transition énergétique interroge plusieurs expert.e.s pour comprendre comment les véhicules électriques, l’hydrogène, les biocarburants et les transports en commun peuvent nous aider à atteindre cet objectif.

Électrifier notre parc automobile, d'accord mais le faire avec des véhicules produits en Europe, c'est mieux. L'industrie automobile européenne est-elle à la hauteur du défi de la mobilité décarbonée ? Fabien Renou, rédacteur en chef du moniteur, nous répond.

Fabien Renou

On sait aujourd’hui que la production de véhicules électriques est essentiellement chinoise, on sait que le port de Rotterdam est inondé de véhicules chinois et qu’ils attendent juste que le marché reste un peu pour être courant en Europe. Encore une fois, je dirais que la clef d’une politique industrielle qui nécessite du long-terme, c’est la visibilité. En cela, l’annonce qui a été faite de la fin de la production du véhicule thermique en Europe en 2035 avait une vertu : c’est de fixer un objectif. On peut le critiquer, on peut le trouver trop faible, trop fort, trop exigeants, trop mou. Il n’empêche qu’au moins, il permet aux industriels de s’adapter et de se dire: j’ai un horizon défini, je peux le critiquer, je peux le condamné, il n’empêche que si je veux continuer à produire en Europe et conduire des véhicules en Europe, il faut que je sois au niveau. Le problème, c’est encore une fois qu’on voit bien qu’une fois que l’objectif est défini, il est menacé d’être remis en cause très rapidement. Je ne sais pas si cet objectif est bon ou pas bon, le fait est que je sais que ce n’est pas bon de chercher à le remettre en cause à peine l’objectif établi, parce que ça pousse naturellement les acteurs économiques se dire: peut-être que finalement, ce truc va être remis en cause et que je pourrais y échapper.

La mobilité électrique ça n'est pas seulement une nouvelle flotte de véhicules à produire, ce sont également des batteries dont la performance s'améliore continuellement, mais aussi un maillage très fin de bornes de recharge électrique. La stratégie industrielle est- elle, en phase avec une demande en véhicule électrique qui va exploser ?

Fabien Renou

Ce que j’observe d’un point de vue plutôt aménagement du territoire, effectivement, c’est qu’on a quand même des projets de gigafactory qui se développe en France. C’est quand même un phénomène sensible. On n’a pas 50 ans, mais celles qui se développent ont quand même des capacités importantes, et elles témoignent d’un virage logique. Ce qu’on observe en tout cas, c’est que, d’un point de vue industriel, l’outil évolue, des nouvelles capacités sont créées, dont l’objectif évidemment, de répondre à cette nouvelle demande.

Et le développement des transports collectifs dans tout ça, quelle place auront-ils dans la mobilité zéro carbone?

Fabien Renou

La mobilité, c’est aussi une offre, et une offre doit être complète. Quand on parle de transports en commun, on peut passer, c’est que sont en train de faire pas mal de collectivités en France, de passer de bus thermiques à des bus électriques, hybride ou hydrogène. Parce qu’il y a l’hydrogène aussi qui, en tout cas dans le transport en commun un peu lourd, se développent. La transition est à l’œuvre. Après il faut les gens prennent le bus et pour que les gens prennent le bus, il faut une offre adaptée, il faut, ce qu’on appelle, des Bus à Haut Niveau de Service, des BHNS, il faut des cadencements donc il faut peut-être plus de bus encore et plus de chauffeurs, ce qui est compliqué aussi aujourd’hui. Et il faut une offre qui réponde aux besoins, c’est-à-dire que s’il y a des bus électriques, zéro émission, mais qui passent toutes les demi-heures les gens prendront leur voiture.

Ils prendront leur voiture, d'accord, mais un véhicule électrique est-il financièrement plus avantageux qu'un véhicule thermique? Claire-Sophie Haas et Céline Coulibre-Dumenil, respectivement directrice marketing et communication et directrice RSE chez Rexel, nous éclairent

Céline Coulibre-Dumenil et Claire-Sophie Haas

Pour moi, le conducteur s’y retrouve aujourd’hui, en tout cas en France. Charger son véhicule électrique avec l’énergie d’aujourd’hui ça coûte beaucoup moins cher que le pétrole. Ce n’est pas vrai dans d’autres pays, ce n’est pas vrai aux États-Unis, l’énergie coûte beaucoup plus cher. C’est aussi un frein à la mobilité électrique dans ces pays-là. Mais oui, pour moi, en tout cas en Europe, il y a vraiment un atout d’un point de vue particulier.

La dernière fois que j’ai parlé avec un taxi était très content, mais les premiers à s’être équipé de véhicule électrique ce sont les taxis.

Et ça, je pense que c’est quand même un bon cas d’usages car ce sont de gros rouleurs, les taxis, qui sont équipés de voitures électriques, hybride de première génération et ce n’étaient pourtant pas les véhicules les plus confortables, mais définitivement les moins chers à l’usage sur le long-terme, et parce que l’électricité ne coutait pas cher. Et ils ont anticipé parce que c’était bien avant la crise de l’énergie il y a deux ans.

Il n'y a pas que des petites voitures qui passent à l'électrique les grands véhicules prennent aussi le pas. C'est le cas d'une partie des bus de la métropole de Nice, pour lesquelles le groupe Europe Solution Energie a installé les bornes de recharge. Patrice Gullino et le président de ce groupe, et il nous raconte comment s'est dérouler cette transition.

Patrice Gullino

On a été contacté par RLA, la Régie Ligne d’Azur, c’est une filiale de la métropole qui s’occupe de tout ce qui est la régie des bus. Ils ont reçu des bus électriques, puisqu’ils sont passés au biogaz et à l’électrique. Ils nous ont contacté pour installer des bornes à courant continu de 90 ampères pour la recharge de leurs bus. On a fait quand même une étude poussée avec justement là-dessus, notamment au niveau des notes de calcul, pour tout ce qui est câble, alimentation, aller voir la disponibilité au niveau des postes de transformation, voir s’il y avait assez de puissance, etc. Il y a eu quand même une belle étude qui a été faite avant de pouvoir commencer à installer. Nous, on a commencé à installer les premières bornes justes après la sortie du covid, donc on a installé pas mal de bornes. Et après, cependant, on en installe aussi dans les collèges, les bâtiments extérieurs, les DLCI, ces centres d’exploitation, l’ex-DDE, donc tous les locaux qui ont repris le département. Je ne sais pas, dans les autres communes, comment ça se passe, je veux dire que nous, à Nice, il y a eu un gros effort qui était fait là-dessus.

C’est terminé pour aujourd’hui !
Abonnez-vous à ce podcast et rendez-vous demain pour la suite de Courant positif, le programme en 21 étapes, qui part à la rencontre de celles et ceux qui font l’électrification des territoires. 

Courant Positif est un podcast produit par Rexel, concocté par l’Agence Calliopé et animé par Samuel Belaud.

Ces articles peuvent vous intéresser

Abonnez-vous à
Courant Positif
Abonnez-vous à Courant Positif