Le risque d’une transition à deux vitesses
Pourquoi une telle inertie ? La contrainte budgétaire est l’un des principaux freins à la mise en œuvre de solutions de mobilité durable, selon l’étude Rexel/BVA. 34 % des collectivités déclarent manquer de budget pour investir dans la mobilité électrique, et 22 % pointent du doigt le coût élevé de l’électricité. Par conséquent, 41 % d’entre elles réclament un meilleur accompagnement de l’État, en particulier via le levier des subventions.
Ce déficit de soutien financier se traduit par un développement inégal des infrastructures, creusant les écarts entre territoires urbains et ruraux. Les petites et moyennes collectivités, où l’usage de la voiture est indispensable, sont pourtant les plus en retard sur le sujet. Seuls 19 % des habitants des communes rurales ont la possibilité de choisir leur mode de transport, contre 60 % dans les agglomérations de plus de 100.000 habitants, regrette l’AMRF.
Ces inégalités ont été amplifiées par la fermeture de quelques 1.500 kilomètres de dessertes fines depuis 2015. Et de nombreuses lignes sont encore en danger, à l’image de celle reliant Lyon à Paray-le-Monial, ayant suscité de fortes mobilisations de la part des élus locaux et des conseils régionaux concernés. Le destin de la ligne repose sur le maintien d’un poste d’aiguilleur, essentiel pour empêcher les retards, un emploi que la SNCF Réseau prévoit de fermer, faute de moyens.
Prendre la mesure de l’urgence
Sur la question des mobilités décarbonées, la nouvelle loi de financement de 2025 change la donne. Désormais, les régions pourront mettre en place un « versement mobilité » afin de financer les infrastructures de transport par une taxe sur les entreprises. Une victoire obtenue par la présidente des Régions : la socialiste Carole Delga. Avant ce vote, l’Île-de-France était la seule à bénéficier de cette compétence. Cette mesure est toutefois fortement contestée par certaines Régions, qui ne souhaitent pas davantage amplifier la taxation des entreprises.
Mais le problème ne se limite pas aux seuls financements. Selon l’étude BVA/Rexel, 15 % des collectivités dénoncent un manque d’informations sur les aides existantes et 12 % évoquent une méfiance de la population. 7 % d’entre elles vont même jusqu’à dire qu’elles n’ont pas besoin de développer la mobilité décarbonée sur leur territoire. Ces chiffres démontrent la nécessité d’impliquer les citoyennes et citoyens dans les décisions publiques. Loos-en-Gohelle, une commune des Hauts-de-France, a opté pour cette stratégie, en construisant de nouvelles mobilités vertes avec ses habitants, en partant directement de leurs besoins.