- Transition énergétique
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Quels scénarios ? Quels coûts ?
Le coût de l’adaptation au changement climatique est souvent évoqué comme un frein à l’action, notamment en matière de transition énergétique. Ce coût, il est estimé entre 0,1 et 0,5% du PIB. Autant dire peu de choses lorsqu’on le compare à celui de l’inaction. En effet, les dommages provoqués par le changement climatique (comme les catastrophes naturelles, ou les pertes de rendements agricoles, pourraient se chiffrer à près de 10 points de PIB d’ici la fin du siècle.
Dans cet épisode, Samuel, journaliste passionné par la transition énergétique interroge plusieurs expert.e.s pour évoquer les scénarios de la transition énergétique, et la balance bénéfices/risques qu’il faut considérer, aussi bien du point de vue financier que du point de vue écologique.
Fabien Renou, rédacteur en chef du magazine Le Moniteur, fait le point sur les scénarios de transition énergétique qui sont sur la table.
Fabien Renou :
Alors effectivement, il y avait plusieurs scénarios qui avaient été dégagés, entre autres, par RTE. Ça sera forcément des mix entre les différents scénarios. Ça sera forcément quelque chose d’un peu hybride. Ce qu’il faudrait surtout, et ça c’est un objectif un peu politique, c’est que les objectifs ne changent pas en-cours de route. C’est-à-dire qu’on essaye d’avoir des feuilles de route qui tiennent la route, si je puis dire, qui ne soit pas soumises aux vicissitudes économico-politique, et ça, ce n’est pas facile. Plutôt que de savoir quel scénario on doit emprunter, il faut surtout se dire comment on fait pour que ce scénario ne soit pas mis en cause à chaque élection, à chaque décision. On voit bien qu’à chaque fois qu’il y a une élection ou même un retournement de conjoncture, on remet en cause des choix passés, ce qui est tout à fait compréhensible et légitime. Sauf que quand on est sur une programmation aussi longue que la transition énergétique, on a besoin de visibilité, absolument sur le long-terme.
Alors est-ce que tous les acteurs du secteur (publics comme privés) sont bien tous conscients qu’investir dans la transition énergétique, c’est stratégiquement et financièrement capital à long terme ?
Fabien Renou :
La transition énergique a un coût. Ça, on ne peut pas le nier. En tout cas dans sa période transitoire, dans sa période de transition. Même si je ne suis pas sûr qu’on arrêtera un jour cette transition, c’est un cheminement qui va être long et probablement permanent. Il n’empêche que, dans cette phase initiale qui nous attend, on va dépenser beaucoup pour finalement être plus efficace demain. C’est donc un investissement finalement. Il faut le prendre comme ça, c’est à dire que c’est un investissement sur le long-terme. En termes de financement, ça implique que l’investissement on peut le financer de manière saine : par l’emprunt. C’est fait pour ça l’emprunt. Tant qu’on finance l’investissement c’est plutôt sain et qu’on rembourse après, avec les économies réalisées. Donc là-dessus, il y a un enjeu, mais par chance, et ce n’est pas le cas de tous les aspects de la transition écologique, la transition énergétique devrait nous faire faire des économies à termes, et donc on peut tout à fait se dire que les économies de demain financeront les investissements d’aujourd’hui.
Prenons le pouls du côté des entreprises, avec Sylvain Biele, Directeur général du groupe Ciuch, qui propose des solutions de maintenance, d’ingénierie et de stratégie logistique. Son crédo pour prendre le virage de la transition énergétique ? Investir en faveur du réemploi et de l’efficacité énergétique :
Sylvain Biele :
Nous sommes clients de Rexel parce que Rexel est l’un de nos fournisseurs d’équipement que nous intégrons directement dans nos convoyeurs. Des cellules, des éléments de câblage et autres qui sont dans les catalogues, Rexel directement, et nous sommes fournisseurs de Rexel parce que nous équipons leurs entrepôts logistiques qui permettent de distribuer tous leurs catalogues directement dans les magasins ou chez leurs clients. C’est un vrai partenariat donnant donnant et on le voit tous les deux dans ce sens-là, où on est vraiment partenaire. On monte des projets en commun, parce qu’à un moment même, la finalité, c’est que quand on leur fournit des installations logistiques, c’est en partie avec leurs composants. La boucle est vraiment bouclée à ce niveau-là.
On a mis au point une nouvelle gamme de convoyeurs, qui s’appelle la gamme INGIN, sur lequel :
1) Ce sont des convoyeurs ”plug and play” donc avec une très grande flexibilité, avec lesquels, comme les véhicules hybrides quand on freine directement au niveau des cartons ou des colis qui se déplacent dessus, il y’a de la récupération d’énergie via des condensateurs donc, cette énergie est réimplanté directement et réinjectée dans la solution, ce qui fait qu’il y a un gain énergétique de 10 à 15 % pour l’exploitant.
2) Et où on va encore plus loin, vu que ce sont des convoyeurs “plug and play” ça veut dire réutilisation quasiment, à l’infini. Donc un module peut être débranché à un moment ou un autre, mis dans une autre zone de l’installation ou dans un autre entrepôt, en France ou en Europe et donc être réutilisé, ce qui fait qu’en termes de refabrication, de réemploi, on a un gain énergétique qui est juste, colossal.
Cette transition énergétique est vraiment quelque chose d’indispensable même s’il y a des actions qui sont faites plus ou moins dans certaines régions, dans certains pays ou autres, il y a encore énormément à faire. Et c’est chaque petite action qui seront faites par tout le monde, que ce soit à titre individuel, que ce soit au niveau des entreprises, qui ont aussi des messages à faire passer, parce qu’aujourd’hui les managers, les chefs d’entreprise doivent aussi sensibiliser, doivent aussi passer des messages. Toute action sera bénéfique et c’est chaque petite action qui fera qu’au total on y arrivera. Avec des sensibilités, forcément aussi par métier, par région ou autre. Mais de toute façon, tout le monde devra évoluer. On n’a plus le choix.
Parmi les scénarios de transition énergétique, un équilibre est à trouver entre des solutions technologiques de décarbonatation et la rationalisation de nos habitudes de consommation et de production. Quelle voie empruntons-nous pour le moment ? Anais Voy Gillis, géographe et chercheuse associée à l’IAE de Poitiers.
Anais Voy Gillis :
On est quand même dans l’idée, et peut-être parce que la science-fiction nous a aussi alimenté avec ça, c’est l’idée qu’on va avoir une réponse qui viendra par la technologie. Est-ce que ça va être de conquérir une nouvelle planète, est-ce que ça va être de capter l’ensemble du carbone pour l’enfouir sous terre ? Mais la réalité est que, même si on a besoin de technologie, on a besoin d’être beaucoup plus raisonnés dans nos modes de consommation, dans nos modes de déplacement. Et ça, malheureusement, je trouve que, même si certains acteurs politiques le portent, on n’a pas encore conscience de ce que ça peut induire en termes de changements systémiques dans la société. On ne le pose pas, alors on a des choses qui sont faites : le secrétariat général à la planification écologique, on a notre trajectoire nationale bas carbone… On pose des choses, mais la réponse in fine, elle est politique, et on amène des réponses techniques à un sujet qui est éminemment politique. Là où il y a un frein, c’est que les paramètres économiques, aujourd’hui, je pense que, ne sont pas évidents pour beaucoup d’industriels c’est à dire: le prix du gaz reste bas, le prix de la tonne de co2 est bas, l’électricité relativement chère. La maturité des technologies n’est pas forcément là, ou en tout cas, elle reste relativement coûteuse. Et puis, il y a la question de l’approvisionnement du durable en électricité bas carbone. Globalement, les choses sont sur la table, il y a encore un long chemin à parcourir, mais les industriels se mobilisent et essaient d’investir dans le bon sens.
C’est terminé pour aujourd’hui !
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Courant Positif est un podcast produit par Rexel, concocté par l’Agence Calliopé et animé par Samuel Belaud.