- Transition énergétique
- 6 min.
Électrification mode d’emploi
On le sait peu mais le charbon reste encore de très loin la principale source d’électricité dans
le monde, et compte pour près de 36% du mix mondial ! L’électrification, dans un contexte
climatique aussi périlleux que celui dans lequel évoluons, consiste en un double mouvement.
Il s’agit – d’une part – d’électrifier les secteurs encore très dépendants des énergies fossiles
comme l’industrie, le transport ou le bâtiment à décarboner ; et d’autre part, de réorganiser la
production d’électricité pour répondre à cette nouvelle demande. Le tout sans électricité
produite à partir de combustibles fossiles !
Dans cet épisode, Samuel, journaliste passionné par la transition énergétique interroge
plusieurs expert.e.s pour comprendre comment alimenter des besoins électriques en hausse
avec une électricité décarbonée, tout en restant compétitif et économe.
Commençons par un état des lieux : prenons-nous le chemin de l'électrification bas carbone ?
Anaïs Voy Gillis :
Ce qu’on constate, c’est en 2022, à rebours de ce qui pourrait être les intuitions, c’est qu’on augmente. On a ouvert, par exemple plus encore, des projets d’ouverture d’extension de centrale à charbon dans une trentaine de pays, en particulier en Chine.
Donc on se rend compte que, même s’il y a un effort qui est mis sur la production d’énergie renouvelable, on encore ce type d’industrie qui se développe. En parallèle en Europe, face à la tension sur l’approvisionnement en gaz lié à la guerre en Ukraine, on a eu également des réouvertures de centrale à charbon en France, en Allemagne, où ils maintiennent et développent les capacités d’extraction de charbon. On a augmenté nos importations de gaz de schiste depuis les États-Unis, alors qu’on sait que le bilan environnemental n’est pas forcément incroyable.
Bon… On n’est pas encore au point d’une électrification généralisée. Force est de constater qu’il y a des disparités entre les pays sur la route de l’électrification. Claire Sophie Haas et Céline Coulibre Dumesnil sont respectivement Directrice marketing et communication et Directrice RSE chez Rexel. Elles décrivent les disparités mondiales en matière d’électrification.
Claire Sophie Haas :
Il y a des pays qui sont un peu plus lents parce que, déjà, ils n’ont pas les infrastructures. Un peu plus lent parce qu’il y a des enjeux aussi économiques prioritaires dans ces pays-là, je pense notamment à l’Italie. Ou l’Italie est quand même un pays qui est très volontariste sur le sujet, mais qui est très en retard sur l’installation de bornes électriques ou l’installation de panneaux photovoltaïques, alors que le soleil est là et qu’il y a vraiment de quoi booster ce type de structure. Donc oui, pour moi, le mouvement est en marche, à des vitesses différentes mais définitivement..
Céline Coulibre Dumesnil :
Et l’europe est clairement moteur sur le sujet. C’est exactement ce que tu disais, mais en effet, c’est assez intéressant de se pencher sur les sources assez diversifiées d’énergie en Europe par rapport à un continent comme l’Amérique et en particulier l’Amérique du nord, ou les questions de coût énergétique ne se posent pas du tout de la même façon, parce qu’eux ils ont fait des choix qui font qu’ils auront un accès à l’énergie plus facilement et moins cher et ils vont être moins enclin à aller vers cette transition énergétique.
Alors qu’est-ce qui peut permettre d’avancer plus rapidement vers l’électricité bas carbone pour tous ? Les lois, la réglementation et les normes par exemple ?
Claire Sophie Haas :
Très clairement, toutes les lois qui ont été promulguée au cours des dernières années ont aidé à accentuer et accélérer cette transition énergétique. Il y a tout ce qu’on connaît bien sur la rénovation énergétique, et on va parler plutôt des particuliers et des aides de l’état pour les pompes à chaleur en particulier, dont on a beaucoup parlé, qui reste encore un petit peu flou aujourd’hui, mais qui, malgré tout, à force de communication, ont permis de mettre dans l’esprit de chacun qu’il y avait une solution mieux disante pour rénover sa maison et chauffer sa maison.
Céline Coulibre Dumesnil :
Après, il y a un autre engagement, alors ça c’est plutôt dans le privé. Nous, on est un groupe côté, mais on a certaines obligations en tant que tel, mais d’autres groupes qui ne sont pas côté, ou des entreprises moins grosses que Rexel aussi ces obligations qui aident, avec une obligation de réduire nos émissions carbone. En tant qu’entreprise privée, on a cette obligation là. En tout cas, on se l’impose à nous-mêmes, parce que nos investisseurs, nos actionnaires, nos clients, nous demandent ça. Donc cette pression-là, qui n’est pas une pression réglementaire, mais qui est plus une pression, finalement, d’engagement pour faire mieux et bien son business pousse aussi quand même des gros acteurs, le privé en tout cas, à investir pour sa propre décarbonation.
De nombreuses grandes industries et PME ont d’ores et déjà fait le pari de l’électrification, qui représente un levier économique et écologique particulièrement important. C’est le cas de la société Gérard Perrier Industrie. Marine Clément, responsable communication, nous raconte l’importance de cette électrification dans leur stratégie de décarbonation.
Marine Clément :
Alors typiquement, quand on parle de transition énergétique, on parle principalement de transition électrique. Finalement, et justement, l’électricité c’est le cœur de métier du groupe depuis toujours. Forcément, nous, on est déjà au cœur de la transition énergétique de nos clients, parce que, par exemple, on va maintenir une centrale nucléaire, donc on va participer à produire une énergie décarbonée, parce que, par exemple, on déploie des logiciels d’optimisation de site industriel. Par exemple, on a une filiale qui s’appelle Dative, qui a créé une solution de monitoring d’énergie qui s’appelle That Power et qui va permettre à nos clients industriels de suivre et d’optimiser leur performance énergétique. On travaille bien sûr pour réduire nos propres émissions de gaz à effet de serre en interne, mais aussi on a pour objectif de proposer à nos clients des offres qui intègrent justement ce critère d’impact carbone. Donc on travaille avec Rexel sur un projet qui s’appelle le carbone tracker. C’est une plateforme qui a été mise au point par les équipes de Rexel et qui nous permet de dire : « votre armoire électrique, que vous avez fabriqué dans vos ateliers de production, elle a tel impact carbone », parce que Rexel est en capacité de remonter des données aussi de nos autres fournisseurs pour être en capacité de donner ce critère d’impact carbone. Avec cet outil, on va être en capacité de proposer à nos clients des alternatives pour avoir des armoires électriques avec un plus faible impact carbone. Et donc aujourd’hui, la transition énergétique est électrique et est vraiment au centre de nos priorités dans le groupe. On est convaincu qu’on peut aller encore plus loin. Donc, c’est pour ça que nous, on a, on a créé en interne des équipes de travail qui sont vraiment dédiées à la RSE.
C’est terminé pour aujourd’hui !
Abonnez-vous à ce podcast et rendez-vous demain pour la suite de Courant positif, le programme en 21 étapes, qui part à la rencontre de celles et ceux qui font l’électrification des territoires.
Courant Positif est un podcast produit par Rexel, concocté par l’Agence Calliopé et animé par Samuel Belaud.