Transition énergétique
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Le télétravail : un impact carbone complexe et nuancé

Entre réduction des trajets et hausse des usages numériques, quel est le bilan carbone du télétravail ?

Le télétravail : un impact carbone complexe et nuancé

S’il est une nouvelle habitude professionnelle qui est entrée dans les mœurs au cours des dernières années, c’est bien celle-ci. Marginal jusqu’en 2020, le télétravail s’est généralisé lorsqu’ont été imposés les confinements et restrictions de circulation liés à la pandémie de Covid-19. Depuis, la pratique s’est pérennisée, même si elle est aujourd’hui remise en cause par certaines entreprises, comme Amazon. En 2021, 22% de la population active mondiale avait ainsi recours au télétravail au moins une fois par semaine.

À première vue, en réduisant les trajets domicile-travail, le télétravail semble plutôt être un usage vertueux du point de vue de considérations environnementales et énergétiques. Mais qu’en est-il vraiment ?

Moins de trajets domicile-travail, mais pas de miracle

L’un des principaux arguments en faveur du télétravail est la réduction des trajets entre la maison et le lieu de travail, souvent en voiture. Selon l’Agence de la transition écologique (ADEME), un jour de télétravail par semaine peut réduire annuellement les émissions de gaz à effet de serre de 271 kg de CO2 par salarié. Une donnée considérable, quand on sait que près de 70 % des Français utilisent leur véhicule personnel pour se rendre au travail. Toutefois, cette baisse peut être partiellement compensée par d’autres micro-déplacements effectués durant la journée, comme des courses, des trajets pour récupérer les enfants ou des pauses déjeuner à l’extérieur.

Bien qu’ils soient plus courts en général, ces petits trajets continuent de contribuer aux émissions de carbone, même si certains optent pour la marche ou le vélo pour les faire. Au bout du compte, la réduction globale des émissions liées à la mobilité est estimée à environ 5 %. Un chiffre encourageant, certes, mais en deçà des attentes initiales.

Le paradoxe du confort : plus loin du bureau, plus de CO2

Un autre effet indirect du télétravail est lié au choix de résidence des travailleurs. Grâce à la flexibilité du télétravail, de nombreuses personnes choisissent de vivre plus loin du bureau. Ce phénomène, bien que bénéfique pour leur qualité de vie, peut entraîner une augmentation des distances parcourues lors des jours où ils se rendent au bureau. Ce « déplacement allongé » neutralise une partie des économies de gaz à effet de serre réalisées grâce à la réduction des trajets pendulaires.

De plus, le travail à domicile induit une consommation accrue d’énergie pour le chauffage, la climatisation, l’éclairage et l’usage des équipements informatiques. L’ADEME estime qu’un jour de télétravail génère environ 7,5 kWh supplémentaires d’énergie par salarié, ce qui n’est pas négligeable. Ainsi, si l’empreinte carbone liée aux trajets diminue, elle est compensée par une augmentation de la consommation énergétique à domicile.

La visioconférence, le faux ami de l’environnement

Depuis les confinements et restrictions de déplacement liés à la crise sanitaire, les outils comme Zoom, Teams ou Google Meet ont vu leur utilisation exploser. Or, le recours intensif à ces réunions virtuelles est loin d’être neutre pour l’environnement. Selon Greenspector, une minute de visioconférence génère environ 1g de CO2 par participant. Pour une réunion d’une heure réunissant dix personnes, cela représente près de 600g de CO2, soit l’équivalent de quelques kilomètres en voiture.

Ainsi, les « marathoniens » des réunions en ligne, qui passent plusieurs heures par jour en visioconférence, peuvent ainsi émettre jusqu’à 11,28 kg de CO2 supplémentaires chaque jour télétravaillé. Un chiffre qui dépasse largement les économies réalisées sur les trajets évités, illustrant bien l’effet rebond négatif possible du télétravail.

Plus de « flex office », plus d’équipements

Pour travailler dans de bonnes conditions depuis chez soi, beaucoup de salariés demandent plus d’équipements numériques. Et si la majorité des entreprises ne doublent pas les équipements informatiques pour leurs employés, la demande pour du matériel supplémentaire (ordinateurs, écrans) augmente fortement. Selon l’ADEME, la fabrication et l’élimination de ces équipements sont responsables de 45 % des émissions de GES du secteur numérique, alourdissant logiquement l’empreinte carbone globale du télétravail.

Enfin, le développement du « flex office », modèle d’organisation dans lequel les salariés n’ont plus de bureau attitré, amène les entreprises à faire des raccourcis. En effet, cette pratique est souvent perçue comme un moyen de réduire les coûts immobiliers. Pourtant, sans une gestion rigoureuse des espaces et de la consommation énergétique, ce modèle peut générer un effet rebond négatif. In fine, si une entreprise réduit les surfaces de bureaux sans diminuer suffisamment les consommations énergétiques, elle aggrave son bilan carbone.

Entre la réduction des trajets domicile-travail, l’augmentation de la consommation d’énergie à domicile et l’explosion des visioconférences, les bénéfices environnementaux du télétravail sont donc partiellement remis en question. Toutefois, pour réduire l’impact environnemental de cette pratique, de petits gestes simples peuvent faire une grande différence. En optimisant l’utilisation d’Internet (comme le fait de mettre des sites en favoris, de fermer les onglets inutiles et d’alléger les échanges par messagerie) ou en modérant les usages énergivores comme le streaming vidéo et le stockage dans le Cloud, les télétravailleurs peuvent contribuer à minimiser leur empreinte carbone tout en maintenant l’efficacité de leurs outils numériques. Pour en savoir plus, l’ADEME propose une liste de 10 bons gestes à adopter en télétravail.

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