Industrie

Performance environnementale et industrielle

La stratégie nationale bas carbone a proposé une trajectoire très ambitieuse pour réduire l’empreinte écologique de l’industrie. Elle se traduit par une électrification massive des consommations industrielles ; qui doivent passer d’environ 25 % aujourd’hui à 70 % d’ici une quinzaine d’années. L’urgence climatique, conjuguée à l’impératif économique incite tout le secteur industriel à optimiser, dans le même temps, leur performance environnementale et leurs capacités de production.

Dans cet épisode, Samuel, journaliste passionné par la transition énergétique interroge plusieurs expert.e.s pour creuser la question.

Je suis Samuel, journaliste passionné par la transition énergétique, et pour commencer cet épisode, j'ai demandé à Anaïs Voy Gillis, géographe et chercheuse associée à l'IAE de Poitiers, si l'amélioration de la performance environnementale d'une usine se fait forcément au détriment de sa performance économique.

Anaïs Voy Gillis


Non, je ne pense pas. Je pense qu’on peut lier les deux, peut-être jusqu’à un certain point. Aujourd’hui, on a des industries qui se sont développées en intégrant toute la question de leur empreinte environnementale conjointement à leur modèle économique. Donc, il y a quelques exemples d’entreprises qui montrent la voie. Je pense notamment à une société dans le nord de la France qui s’appelle Pocheco, qui fait des enveloppes. Et qui a vraiment réfléchi à tous ces impacts et comment elle pouvait les réduire, tout en essayant de préserver un modèle économique compétitif. Et je ne dis pas que c’est simple et je ne dis pas que la réponse est évidente. En plus, tout dépend de la nature de l’industrie qu’on a, des marchés qu’on sert, de l’intensité carbone du type de production, etc. Mais c’est possible. C’est d’autant plus possible que, de toute manière, la réglementation va aussi pousser à se poser ce type de questions.

Alors faut-il des réglementations environnementales plus strictes pour inciter les industriels à innover et à réduire leurs sources de gaspillage et de pollution?

Anaïs Voy Gillis

Globalement, il va y avoir un cadre en Europe qui va obliger à construire des modèles économiques qui sont résilients et qui tendent vers la réduction de l’empreinte environnementale. Après, il faut aussi être lucide, on n’aura pas zéro empreinte environnementale. On aura toujours des activités qui vont consommer des matières premières. Tout l’enjeu est d’augmenter très fortement les capacités de recyclage, de revalorisation, de réutilisation. De faire évoluer les usages et les modes de consommation. On aura toujours un impact environnemental par nos modes de vie, mais l’enjeu, c’est de construire des industries qui prennent en compte leurs impacts, qui essayent de les réduire, voire d’aller vers un impact le plus positif, presque positif. C’est pour ça que toute la question de quand on dit, par exemple, neutralité carbone, on n’explique pas forcément ce que ça veut dire, etc. C’est un peu trompeur. Et moi, je préfère dire qu’en tant qu’être humain, nous aurons toujours un impact environnemental.

Les industriels ont-ils pris la mesure de cette nécessaire transition énergétique et de l'importance de l'électricité bas carbone dans celle-ci? L'avis de Yannick Jacquemart, directeur Nouvelles flexibilités pour le système électrique chez RTE.

Yannick Jacquemart


Tout le défi pour les industriels, c’est effectivement de passer d’une énergie qu’ils connaissent bien aujourd’hui, à une énergie essentiellement électrique, en maîtrisant le coût. Ce sont des investissements extrêmement importants, qui sont aidés par l’État. Il y a un programme France 2030, etc. Et tout l’enjeu pour les industriels, c’est d’avoir une électricité à la fois sûre dans son alimentation, compétitive dans son prix, et avec un prix prédictible. Donc ça, c’est l’objet de grandes tractations au niveau européen. Il y a eu des progrès importants de fait l’an dernier, avec le fait qu’on revienne à des contrats long terme. Ça, c’est quelque chose d’important pour les industriels. C’est aussi vrai pour d’autres acteurs que les grands industriels. La dimension que RTE rajoute maintenant dans ce discours-là, c’est que pour baisser sa facture, pour ceux qui le peuvent, qui ne sont pas dans des productions continues, il convient de bien regarder les écarts de prix très importants entre les moments de la journée, de la semaine, suivant le mix qui est mis en œuvre. Les prix la nuit et le jour sont vraiment très différents des prix de pointe le matin et le soir. On ne parle pas de quelques pourcents, on parle de plusieurs dizaines de pourcents.

Le mot de la fin revient à Cyrille Mahuteau. Il est le directeur d'une agence Eiffage Énergie.

Cyrille Mahuteau


On a fait un bâtiment de stockage de 40 000 m². On a remplacé tout ce qui était éclairage avec une cellule, y compris canalis d’éclairage. On a remplacé beaucoup d’appareils à LED pour la consommation énergétique, bien sûr, de performance. En fait, ce sont des luminaires qui se déclenchent par défection de présence et par la luminosité extérieure. Donc, par la lumière extérieure, il y a des dômes et selon la luminosité de la lumière extérieure, ça varie l’intensité du flux lumineux en interne du bâtiment. Le besoin, c’est de pouvoir tout piloter à distance et tout regarder s’il n’y a pas des choses allumées qui consomment, je dirais, dans le vent, à vide. Donc, il peut prendre la main à distance. On travaille aussi également sur la partie chaufferie avec le même système, donc GTV, donc tout est connecté à distance et ça nous permet d’éteindre, d’allumer en fonction des impératifs du client. C’est intuitif pour eux, donc ils adorent piloter tous à distance. Du point de vue énergétique, c’est bien de faire une petite piqûre de rappel à tous les clients et nos collaborateurs, puisque c’est des marchés sur lesquels tout le monde est attentif. Et forcément, il faut diminuer le coût environnemental et énergétique. On travaille de plus en plus avec des bureaux d’études puisqu’on est amené aussi à mettre de plus en plus de photovoltaïques. Donc on met en place pas mal d’ombrières. En ce moment, on chiffre beaucoup de choses comme ça. C’est un système de parking couvert en toiture avec des panneaux photovoltaïques.

C’est terminé pour aujourd’hui !
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Courant Positif est un podcast produit par Rexel, concocté par l’Agence Calliopé et animé par Samuel Belaud.

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