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Énergie fatale : un filon à développer
La transition énergétique et la lutte contre le changement climatique passent par l’optimisation de toutes nos ressources énergétiques… y compris celles qui sont souvent négligées. L’énergie fatale, cette énergie qui est perdue ou non valorisée lors de divers processus industriels, représente une opportunité majeure encore sous-exploitée.
Dans cet épisode, Samuel, journaliste passionné par la transition énergétique interroge plusieurs expert.e.s pour explorer comment cette énergie fatale peut devenir un pilier essentiel de la stratégie énergétique.
Anaïs Voy Gillis, géographe et chercheuse associée à l'IAE de Poitiers, nous en dit un peu plus sur ce filon énergétique.
Anaïs Voy Gillis
Les chaleurs fatales, si on essaye de les résumer simplement, ce sont en général des chaleurs qui vont être produites par un procédé dont la finalité n’est pas de produire de la chaleur et donc qui s’échappent, qui ne sont pas valorisées. Et l’enjeu c’est d’arriver à développer des technologies pour les capter et les réutiliser. Et après on a plein de sources de chaleur en général dans les sites industriels. Et donc tout l’enjeu c’est de les cartographier, de voir comment on peut les revaloriser. Soit pour les réutiliser par ailleurs dans le site industriel, soit éventuellement les renvoyer vers des réseaux de chaleur, comme on développe par exemple certaines villes, métropoles, à destination du réseau urbain, etc.
Quel est donc le potentiel de cette énergétique fatale dans la transition énergétique?
Anaïs Voy Gillis
Aujourd’hui ce qu’on sait, ce que dit l’ADEME, c’est qu’il y a environ 30% des chaleurs dans l’industrie qui ne sont pas récupérées. Donc il y a un fonds chaleur qui a été notamment développé par l’ADEME pour essayer de conduire des études et avoir des leviers de récupération. Donc il y a des choses qui existent quand même dans l’industrie. Et il y a de plus en plus de réseaux de chaleur qui se développent à l’échelle des villes pour essayer de capter un petit peu tout ce qui est émis et non valorisé, qui pourrait être valorisé et qui aurait un impact aussi sur la décarbonation.
On comprend que l'industrie ne peut pas se contenter de cette seule récupération des chaleurs fatales pour opérer sa transition énergétique. Yannick Jacquemart, directeur Nouvelles flexibilités pour le système électrique chez RTE, nous donne d'autres pistes.
Yannick Jacquemart
Dans l’industrie, on va avoir les trois piliers : on va avoir l’efficacité, on va avoir la sobriété, de faire attention justement à éviter les pertes d’énergie fatale, etc. Et puis on va avoir un changement de vecteur énergétique et qui, pour une grande part, va consister à passer à l’électricité. On le voit même dans la très grande industrie, les aciéries, etc. Et s’agissant des chaleurs fatales, etc., évidemment, ça fait partie de la sobriété, c’est-à-dire d’éviter ces gaspillages et d’avoir une utilisation rationnelle de l’énergie. Tout le défi d’ici 2050, c’est bien moins d’énergie, peut-être plus d’électricité au milieu, mais c’est surtout moins d’énergie globalement.
Grégory Hourcadet est le fondateur du groupe Eurelec. Il conclut cet épisode en nous livrant un conseil pour réduire sa consommation énergétique.
Gérgory Hourcadet
Si j’ai un message, c’est beaucoup de gens veulent produire de l’énergie, de l’électricité. Mais le premier, avant tout, c’est de faire un diagnostic et de s’équiper sur de l’audit et des compteurs énergétiques pour déjà savoir qu’est-ce que vous consommez dans vos installations électriques. Et à partir de là, ça permettra d’avoir une vision de qu’est-ce que je consomme. Et quand j’ai ça, je peux avoir un projet et une stratégie de réduire la dépendance au réseau. Le réseau ODS, quelque part, est comme un cordon ombilical qui nous relie tous par lequel on est alimenté. Il ne faut pas couper le cordon. Il n’y a pas d’intérêt. Pour moi, chaque installation, chaque client, chaque industrie doit devenir à terme presque autonome, réduire sa dépendance énergétique, mais qui doit rester en support avec le réseau.
C’est terminé pour aujourd’hui !
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Courant Positif est un podcast produit par Rexel, concocté par l’Agence Calliopé et animé par Samuel Belaud.