- Transition énergétique
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Le Royaume-Uni ferme sa dernière centrale à charbon
Débarrassé du charbon, le Royaume-Uni compte fortement sur les renouvelables pour parvenir à décarboner intégralement sa production d’électricité.
Pour un pays dont l’histoire est aussi puissamment liée à celle du charbon, le symbole est fort. Le 30 septembre 2024, la dernière centrale à charbon britannique encore en activité s’est définitivement arrêtée. Le Royaume-Uni est ainsi devenu le tout premier État du G7 à sortir du charbon. De ce fait, il rejoint la petite poignée de pays ayant d’ores et déjà tourné le dos au combustible fossile le plus polluant de la planète, dont notamment le Portugal qui avait fermé sa dernière centrale en 2022, mais aussi la Suède, la Belgique et l’Autriche.
En 1882, le Royaume-Uni, fer de lance de la révolution industrielle, avait été le tout premier pays à se doter d’une centrale à charbon. Construite par Thomas Edison, elle avait été installée sur le viaduc de Holborn en plein cœur de Londres qui subira plus tard les affres du « smog », brouillard mortel généré par les particules fines de charbon. Au milieu du XXe siècle, le charbon a pu fournir jusqu’à plus de 90% de la production d’électricité du pays. C’est donc une longue page de 142 ans qui vient de se tourner avec la fermeture de la centrale de Ratcliffe-on-Soar. Située dans le Nottinghamshire, elle était en activité depuis 1968.
1,3%
C'est la part résiduelle que représentait le charbon dans le mix électrique britannique en 2023.
Ses huit tours de refroidissement en béton, hautes de 114 mètres, vont bientôt disparaître du paysage des East Midlands, la centrale étant promise au démantèlement et à la démolition au cours des années à venir. Un chantier sur lequel interviendront les derniers salariés de la centrale. Dotée d’une capacité de 2 GW, elle a pu alimenter en électricité jusqu’à 2 millions de foyers. Ces dernières années, elle n’était toutefois plus utilisée qu’en appoint. En 2023, la part du charbon dans le mix énergétique britannique n’était plus que de 1,3%.
Directeur général d’Ember, un groupe de réflexion mondial sur l’énergie, Phil MacDonald a salué « le dernier chapitre d’une transition remarquablement rapide du pays qui a lancé la révolution industrielle ». Hyper-dominant dans le mix énergétique du pays, le charbon a commencé à partir des années 1990. En 2015, le Royaume-Uni ne comptait plus que 12 centrales. Moins de dix ans plus tard, toutes ont donc été fermées ou reconverties.
100%
d'électricité bas carbone : un objectif hyper-ambitieux pour 2030
Plusieurs dynamiques ont accompagné le déclin du charbon outre-Manche. La fermeture progressive des mines puis l’essor du gaz naturel, moins polluant et plus compétitif, ont d’abord joué un rôle important. Mais ce sont les objectifs climatiques du pays – atteindre la neutralité carbone en 2050 – qui ont sonné le glas du charbon. Pour l’association Friends of the Earth, « la priorité est désormais de s’éloigner du gaz en développant aussi vite que possible l’énorme potentiel d’énergie renouvelable du Royaume-Uni ».
À l’heure actuelle, le gaz naturel constitue effectivement la base de la production britannique d’électricité avec une part de 32% en 2023. Le cumul des filières décarbonées, porté par l’essor de l’éolien en mer, est toutefois majoritaire avec près de 30% pour l’éolien et 14% pour le nucléaire. Alors que le précédent gouvernement, en poste jusque début juillet, envisageait de lancer la construction de nouvelles centrales à gaz, les Travaillistes au pouvoir portent désormais l’objectif très ambitieux de décarboner intégralement la production d’électricité nationale d’ici à 2030.
Le Royaume de l’éolien en mer
Pour y parvenir, le nouveau gouvernement dirigé par Keith Starmer a mis un terme au moratoire qui visait la construction de nouveaux parcs d’éolien terrestre dans le pays. Pour tenir son objectif, le Royaume-Uni veut quadrupler les capacités de l’éolien maritime, tripler celles du solaire et doubler la production via des éoliennes terrestres. Début septembre, le pays a annoncé la signature d’accords pour faciliter la construction de 131 projets de production d’énergie renouvelable. Lesquels représenteront une puissance installée supplémentaire de 9,6 GW.
En sortant définitivement du charbon, le Royaume-Uni n’a pas fait que fermer une page structurante de son histoire. Il ouvre surtout la voie à des pays qui poursuivent le même objectif. C’est notamment le cas de la France, qui, malgré une très faible consommation de charbon, peine à trouver un avenir à ses dernières centrales à charbon. Initialement annoncé pour 2022, l’objectif de fermeture a été reporté à 2027. Mais il sera « tenu » a promis récemment Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique en charge de l’Energie.
Au niveau mondial, une consommation de charbon au plus haut
À l’échelle européenne, le déclin du charbon est global. En 2023, le continent n’a jamais consommé aussi peu de charbon. Et si la demande reste surtout concentrée sur l’Allemagne et la Pologne, ces deux pays ambitionnent d’en sortir. Une bonne nouvelle pour le climat qui est toutefois insuffisante pour compenser la tendance mondiale. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la demande en charbon a atteint un nouveau record en 2023. En cause notamment : les très hauts niveaux de consommation de la Chine et de l’Inde.