Territoires

Électriques et économes ?

La transition énergétique, la diminution des coûts des énergies renouvelables ainsi que la volonté croissante de maîtriser localement la production d’énergie, incitent aujourd’hui à envisager une transformation radicale de notre système électrique. D’un modèle très centralisé aujourd’hui, allons-nous décentraliser la production et la consommation d’énergie à l’échelle locale ? Quelle est la bonne recette pour rendre nos territoires plus résilients et économes en électricité ?

Dans cet épisode, Samuel, journaliste passionné par la transition énergétique interroge plusieurs expert.e.s pour comprendre ce qu’implique une nouvelle répartition spatiale de l’électricité, en matière de résilience du réseau et mais également concernant les nouvelles inégalités que cela pourrait produire.

Le développement des ENR accélère-t-il la relocalisation des moyens de production électriques? Fabien Renou, rédacteur en chef du Moniteur, nous répond.

Fabien Renou


Le développement des ENR, en particulier, implique une territorialisation de la production. Ça, c’est évident. C’est-à-dire que les champs d’éoliennes ou les fermes photovoltaïques sont implantées sur le territoire et un peu partout. Ça, c’est la vraie rupture par rapport au système précédent. Ça change quoi? Ça change que si le nucléaire a été développé en France, ce n’est pas un hasard, c’est parce que c’est un état centralisé fort qui a permis de le faire. Si ça s’est développé en URSS ou dans les pays soviétiques, ce n’est pas un hasard non plus, ou en Chine, voilà. C’est aussi parce qu’il faut un état fort pour assurer les financements et la sécurité derrière. C’est pas du tout un hasard que ce soit en France qu’on ait fait beaucoup de nucléaire et pas en Allemagne. Le développement des ENR implique d’autres acteurs, en particulier les collectivités. En cela, on peut dire que le développement des ENR participe d’une forme de décentralisation de la politique énergétique. Ce n’est pas tout à fait exact, mais il y a un peu de ça quand même. On leur donne un rôle qu’elles n’avaient pas avant. En particulier, on a la loi d’accélération des énergies renouvelables de 2022 qui demandent aux collectivités de déterminer des zones d’accélération des ENR. Désormais, elles ont aussi une fonction pour déterminer où on implante des unités de production renouvelables.

Comment se répartira alors cette nouvelle cartographie de la production électrique entre villes et campagnes?

Fabien Renou


Dans les zones rurales, il y a aussi la question de la méthanisation, pour faire du gaz vert par exemple. Et là aussi, les collectivités peuvent être plus ou moins engagées dans ces projets-là. On a des zones industrielles, où là, on peut poser pas mal de photovoltaïque aussi, en toiture des usines. Et puis après voilà, le petit pavillonnaire sera plutôt du photovoltaïque. Et puis dans les centres-villes, là, on sera plutôt dans un lieu de consommation d’énergie. On n’a pas encore aujourd’hui d’énergie renouvelable qui s’adapte vraiment à part du petit photovoltaïque, mais ce ne sera pas du tout à la mesure de la consommation. Donc peut-être que dans 15-20 ans, je ne sais pas, on aura une sorte de question sociale qui se posera avec des territoires producteurs d’énergie et des territoires consommateurs et il y aura peut-être une guéguerre entre les deux. Les uns voudront être mieux rémunérés par les autres, je n’en sais rien. Mais ça crée une question territoriale intéressante.

D'autant plus que cette production ne sera visible que sur certains territoires.

Fabien Renou


Exactement. Elle sera visible en particulier dans les zones rurales ou périurbaines. C’est là où on aura les plus grosses installations, évidemment. Mais ce n’est pas là où on aura la plus grosse production. Il pourrait y avoir demain, un peu comme quand on habite en campagne près d’une ligne LGV, on râle parce qu’on a les nuisances et pas l’avantage de la gare. On pourra avoir demain, et c’est un peu le cas, dans la difficulté d’acceptation des éoliennes, il y a un peu ce côté, on produit et c’est les autres qui consomment. Donc c’est des choix, et la question de l’acceptabilité et du paysage est centrale dans cette transition énergétique. La transition énergétique transforme le paysage par la production, par les transports, parce que les infrastructures de transport d’électricité sont très visibles, et donc on aura cette question qui est de plus en plus prégnante.

La transition énergétique est un chemin plein d’espoir et semé d’embûches. Les défis à relever sont immenses, mais les solutions nous appartiennent. Le chemin de la transition énergétique sera collectif ou ne sera pas. Des projets d’électrification, il en existe des milliers. Partout en France, des entreprises, des collectivités, des professionnels initient des projets qui changeront durablement le monde.

Au fil de ces 21 étapes, nous avons initié le récit de l’électrification et de la transition énergétique qui se déroulent sous nos yeux. Les témoignages recueillis nous prouvent qu’il est possible d’oser concilier performance et responsabilité. À présent, l’exploration se poursuit sur courant-positif.fr. Vous y retrouverez des reportages, des témoignages, des publications, des études ou tout simplement des inspirations qui tendent vers ce constat. L’électrification des territoires prend de la vitesse.

COURANT POSITIF est un podcast produit par Rexel, concocté par l’agence Calliope et animé par Samuel Belaud.

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