Mais que représente l'autoconsommation et l'autoproduction d'électricité aujourd'hui en France? Yannick Jacquemart, directeur nouvelle flexibilité pour le système électrique chez RTE, nous livre une analyse précise du phénomène et de ses conséquences pour le réseau et pour les nouvelles habitudes de consommation.
Yannick Jacquemart
Aujourd’hui auto-consommassions, autoproduction c’est assez marginal dans le mix-énergétique, ce sont quelques centaines de milliers de consommateurs. Je ne suis pas sûr que ça devienne prégnant par rapport au parc nucléaire, par rapport aux grandes sources renouvelables. Mais c’est une bonne prise de conscience de la part de ces acteurs là car ils sont d’avantages incité à réfléchir à comment ils consomment en face de comment ils produisent. Et ça c’est une dynamique importante qui va falloir généraliser. Et quand on résonne à la maille locale on y est encore plus attentif. Le fait qu’elle soit mini, centrales ou grosse ne joue pas sur le système électrique global, du moment qu’on les relie toutes par le réseau. Nous, on regarde la somme de tout ça et c’est ça qu’on voit passer, c’est ça qu’on doit alimenter. Toute la production à chaque seconde, doit alimenter toute consommation, ou qu’elle soit. L’impact global est le même. Donc c’est plus une question économique, pour les gens qui le font, ça revient quand même plus cher, en général, une somme de petites centrales que des plus grosses. Mais par contre, ce qui est intéressant, c’est l’aspect sociétal, c’est l’aspect je résonne à une certaine maille pour consommer en phase de ma production. Et ça, c’est une prise de conscience tout à fait nouvelle et de plus en plus importante. Pour avancer sur la transition énergétique, il faut faire feu de tout bois. Il n’y a pas de rationalité à décentraliser pour décentraliser. En matière d’électricité le circuit court n’est pas l’avenir c’est plus cher en fait. La réalité, c’est que le réseau sert de plateforme pour l’économie du partage, c’est-à-dire de la même façon que par l’économie du partage pour des voitures. Vous ne serez pas propriétaire de votre voiture, vous l’emprunter. Mais l’électricité on ne s’est jamais posé la question de à qui est la centrale quand on appuie sur l’interrupteur. On a toujours partagé, et le réseau est européen, donc on partage les centrales du Portugal à la Pologne. Donc, rationnellement, on a intérêt à tout mettre en réseau, à tout partager, mais comme le but, c’est de bouger vite, toutes les initiatives sont bonnes à prendre. Si vous avez envie de construire quelque chose chez-vous, faites-le. Si une commune a envie de se saisir son avenir énergétique, qu’elle le fasse. Une région veut le faire, qu’elle le fasse. Un pays également. Ce qui compte, c’est de relier tout ça pour que ça fonctionne efficacement pour tout le monde.