Panorama du marché et des usages
La géothermie de surface, faiblement productrice de chaleur, est utilisée pour chauffer et climatiser des bâtiments de moyenne hauteur et des habitations, essentiellement pour un usage domestique. Elle concerne principalement les maisons individuelles et les immeubles.
La géothermie profonde sert elle aussi à produire de la chaleur et présente un rendement aux systèmes de chauffage plus complexes, comme ceux des écoles, des hôpitaux ou des sites industriels. En région parisienne, elle permet de chauffer 300 000 logements, mais aussi plusieurs piscines, gymnases et immeubles de bureaux, grâce à 36 centrales géothermiques réparties autour de la capitale. En France, ce sont 59 réseaux de chaleur urbains qui fonctionnent grâce à la géothermie profonde. Elle permet aussi de produire de l’eau chaude sanitaire et de l’électricité. En Guadeloupe, la centrale de Bouillante, une des plus importantes installations tricolores, fournit 11% des besoins en électricité de l’île depuis sa mise en service en 1986.
La géothermie de grande profondeur, quant à elle, peut produire de la chaleur et de l’électricité dans des volumes encore plus importants, avec des applications qui concernent les villes, l’industrie et l’agriculture. Elle reste pourtant encore difficile à mettre en œuvre. En 2014, à Saint-Gall en Suisse, un projet de centrale de grande profondeur a dû être abandonné après que les forages, qui descendaient à 4 kilomètres sous terre, aient provoqué un séisme de magnitude 3,6.
En comparaison des autres énergies renouvelables, la géothermie reste aujourd’hui peu développée. Fin 2023, la capacité totale de production d’énergie par cette méthode tous pays confondus s’élevait à 16 GW (16 millions de watts), soit mille fois moins que le solaire qui atteignait 1,6 TW (soit 1,6 milliards de watts) à la même période selon l’Agence Internationale de l’Energie (AIE). En France, la PPE (Programmation pluriannuelle de l’énergie) 2019-2028 vise une puissance installée comprise entre 4 et 5,2 térawattheures (TWh) en 2028, ce qui en ferait une des principales sources d’énergie renouvelable dans notre pays alors qu’elle ne représente actuellement qu’ 1,7% de la consommation finale de chaleur et d’électricité. Pour y parvenir, le gouvernement a lancé un plan d’action pour augmenter de 40% le nombre de projets de géothermie profonde lancés d’ici 2030. Si le chemin à parcourir pour atteindre ces objectifs est encore long, le potentiel de développement est énorme. L’ Agence de la transition écologique (Ademe) considère ainsi que plus de 30% du territoire national est propice à l’installation de puits et de centrales. Au niveau mondial, l’AIE estime que la géothermie pourrait produire jusqu’à 800 GW de puissance électrique en 2050. Une bonne raison de se plonger dans le sujet… en profondeur !