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Recycler les panneaux solaires, un défi à relever
Les panneaux solaires sont aujourd’hui extrêmement recyclables, mais l’accroissement de la production rend les techniques actuelles difficiles à maintenir, ce qui nécessitera des investissements massifs d’ici quelques années.
En 2024, la France a dépassé le million d’installations de panneaux photovoltaïques. Une progression de 13% par rapport à l’année précédente et qui ne se dément pas depuis désormais 6 ans.
Avec cette hausse vient une question : que faire des panneaux solaires en fin de vie (ils durent entre 15 et 20 ans) ou endommagés ? Le recyclage qui fut longtemps compliqué pour ces technologies est aujourd’hui possible, et le secteur est en pleine expansion. L’organisme Soren, en charge du traitement des panneaux usagés, estime que le taux de recyclage tourne autour de 94%.
Plastique, verre, cuivre ou encore silicium… La quasi-totalité de ce qui compose les panneaux photovoltaïques peut être recyclée, et l’année 2023 a vu un record avec pas moins de 5207 tonnes collectées partout en France selon le bilan de Soren. Soit une hausse de 37% par rapport à 2022.
Deux techniques existent pour accueillir toute cette production. La plus simple est celle du broyage. Les cellules photovoltaïques, ainsi que la plaque de verre sont récupérées puis broyées en petits morceaux. Il suffit ensuite de trier les différents matériaux parmi le mélange obtenu. La méthode est efficace, rapide, et fonctionne même pour les panneaux déjà abîmés.
Autre piste : la délamination. Plus complexe, le processus nécessite d’utiliser une lame chauffée à 300 degrés qui va séparer les cellules photovoltaïques de la couche de verre. Les cellules sont alors traitées, également à haute température, pour récupérer tous les matériaux métalliques qui la constituent, notamment l’argent, le silicium, et les conducteurs mécaniques. Les matériaux sont ainsi plus valorisés qu’avec le broyage, mais c’est aussi plus long. Sans compter le fait que les panneaux doivent être en excellent état pour que la récolte soit de bonne qualité.
Des capacités en-deçà des besoins futurs
Mais entre les particuliers et le recyclage, il y a quelques étapes qui ne se déroulent pas tout à fait comme prévu. Faute de régulation, les panneaux usagés sont souvent revendus directement, bien souvent pour partir en Afrique ou en Asie, où ils sont utilisés malgré les risques sanitaires liés aux matériaux électriques détériorés, et leur rendement bien plus faible.
En France, la filière de recyclage est dynamique mais reste très récente. Deux ensembles ont été inaugurés ces deux dernières années : l’un à Saint-Loubès, près de Bordeaux, et l’autre à Saint-Honoré du côté de Grenoble.
L’usine de traitement de Saint-Loubès est en capacité de traiter 4000 tonnes de panneaux solaires par an. Pourtant, elle n’en a reçu « que » 1000 en 2023. Sachant que ce sont 180 000 tonnes de panneaux qui sont installés en moyenne chaque année en France. Actuellement, les capacités de recyclage sont encore bien en-deçà des besoins réels qui se feront sentir d’ici une dizaine d’années, lorsque tous les panneaux installés aujourd’hui seront en fin de vie. L’enjeu est de taille car les capacités actuelles devraient suffire, selon les prédictions, pour les deux ou trois années à venir. À plus long terme, une montée en puissance est incontournable.
De grandes ambitions, en France et au-delà
Les ambitions du spécialiste du recyclage de panneaux Soren sont grandes. La direction a annoncé un objectif de 40 000 tonnes recyclées en 2030, 150 000 en 2040, et même 300 000 d’ici 2050 ! Pour parvenir à ce résultat, des appels d’offres doivent être lancés durant l’année 2025, avec certainement des start-up, voire des grands groupes, qui devraient ouvrir de nouveaux centres de traitement ailleurs en France.
L’enjeu dépasse d’ailleurs largement le cadre national, à l’image de l’entreprise iséroise Rosi qui se déploie également en Allemagne. De plus, un projet européen baptisé Foresi (FOstering a Recycled European Silicon supply) prévoit de récupérer le silicium des panneaux usagés pour le réinjecter dans les nouveaux sans perte de performance. L’idée aurait un double bénéfice : diminuer l’empreinte carbone des panneaux solaires, mais aussi sortir de la dépendance envers les pays étrangers, en particulier la Chine, qui fournissent l’essentiel de la matière première.
Doté d’une enveloppe de 9 millions d’euros, dont 6,9 fournis par l’Union européenne, le projet devrait donner ses conclusions d’ici 2027. En France, si Veolia, Suez ou Paprec suivent de près l’évolution du secteur encore en cours de structuration, aucun d’entre eux n’a vraiment investi le domaine. Mais la montée en puissance des besoins en recyclage pourrait nécessiter des efforts plus importants dans un futur proche.
Le saviez-vous ?
Pour répondre à leurs besoins, Rexel met à disposition de ses clients des points de collecte pour y déposer leurs panneaux photovoltaïques usagés ou abîmés. Ces panneaux sont ensuite collectés et recyclés par Soren. Rexel fait en effet partie des distributeurs adhérents de Soren depuis 2015.
Crédit photo : benjamin-jopen