Vers une revanche du courant continu ?
Le courant continu n’a toutefois jamais été abandonné. Plus pratique sur les longues distances car il n’est pas déstabilisé comme peut l’être le courant alternatif, il est utilisé dans le ferroviaire, ou dans certaines lignes haute-tension, comme celles qui sont enterrées ou placées sous l’océan.
En effet, le courant alternatif nécessite l’installation de stations à intervalles réguliers pour garder son intensité sans trop de pertes. Ainsi, si la distance est de plus de 600 kilomètres, le courant continu peut devenir économiquement intéressant. Pendant longtemps, ce cas de figure a été plutôt rare en raison de la construction resserrée des réseaux électriques. Mais aujourd’hui, ils sont beaucoup plus étendus, notamment pour récupérer l’électricité produite sur de longues distances, comme avec les éoliennes en mer. Résultat : le courant continu fait actuellement son grand retour. Des onduleurs munis de diodes peuvent ainsi convertir le courant continu en courant alternatif. Ils peuvent également convertir la tension afin d’utiliser celle qui est la plus adaptée à l’usage.
Par ailleurs, « le courant continu devient, ces dernières années, de plus en plus important, en particulier avec la montée en puissance des technologies de communication et de l’information, des panneaux solaires photovoltaïques mais aussi et surtout de l’électronique portable et des véhicules électriques qui utilisent des batteries qui fournissent du courant continu » note Yannick Neyret, président de la Fondation Current/OS, qui promeut un système standard ouvert pour la distribution de courant continu afin d’améliorer la résilience, la durabilité et la sécurité de la distribution d’énergie.
Preuve de ce retour en grâce, l’Union Européenne a lancé fin 2023 un programme à 11 millions d’euros intitulé Shift2DC afin de développer des technologies qui fonctionnent sur la base du courant continu, avec un potentiel économique et écologique intéressant. Sont visés des ports, des industries, des bâtiments, ou même des Data Centers un peu partout à travers 13 pays d’Europe. Le but : identifier dans quels cas de figure le courant alternatif pourrait être remplacé par son concurrent plus simple d’utilisation. Pour l’instant, le projet en est à l’étape des études de faisabilité, mais des groupes français comme EDF, ou encore Nexans, spécialisé dans les matériaux supraconducteurs, s’y engagent.
Parviendront-ils à mettre fin au règne du courant alternatif ? L’équilibre est en tout cas en train de changer.