Une nécessaire « électrification rapide des usages »
Dans sa note d’analyse, le Citepa rappelle que les objectifs climat de la France sont fixés par la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC). Avec un total, hors importations, de 366 millions de tonnes de CO2 équivalent (Mt CO2e) émises, ce résultat serait dans les clous de la deuxième stratégie bas carbone (SNBC-2) actuellement en vigueur. Mais il rate de peu les orientations définies pour la troisième stratégie bas carbone (SNBC-3) dont l’adoption est attendue dans le courant de l’année et qui trace le chemin vers l’atteinte d’objectifs réhaussés en cohérence avec les engagements européens pris dans le cadre du Pacte vert : une baisse de -50 % des émissions brutes de gaz à effet de serre de la France entre 1990 et 2030. « Ce projet (de SNBC-3) en cours de consultation, propose, au total hors puits de carbone, pour la période 2024-2028 un budget moyen provisoire des émissions de GES de 333 Mt CO2e » rappelle le Citepa, qui note donc qu’« une nouvelle accélération forte de la baisse des émissions est attendue afin de pouvoir atteindre le pallier envisagé dans la proposition de la SNBC-3 ».
Avec une baisse d’à peine -1,8 %, la France a raté une marche en 2024, et les prochaines n’en seront que plus hautes. « La poursuite de cette tendance nous dirige vers des émissions de 320-330 Mt de CO2eq en 2030, alors qu’il faut viser 270 Mt pour respecter nos engagements climatiques. Pour atteindre cet objectif, il faudrait porter le rythme annuel de baisse à 5 % sur les six années qui nous séparent de 2030 » prévient l’économiste Christian de Perthuis dans une note d’analyse. Selon M. de Perthuis, pour tenir ce rythme, il est impératif de respecter trois jalons : « une indispensable sobriété dans les usages et l’invention de nouveaux modèles économiques de la sobriété », « l’accélération du retrait des énergies fossiles qui passe par l’électrification rapide des usages dans les transports, l’industrie et le chauffage des bâtiments » et enfin « le renforcement du déploiement des énergies utilisant les flux solaires et éoliens qui sont les seules à pouvoir fournir en abondance l’électricité décarbonée dont le pays aura besoin d’ici 2040 ».