Énergies renouvelables
8 min.

Éolien : qu’est-ce que le repowering ?

Le repowering des éoliennes vise à remplacer les équipements existants par de nouvelles turbines afin de générer une plus grande quantité d’électricité à partir des mêmes vitesses de vent. Voici ce qu’il faut savoir sur ce type d’opération.

Éolien : qu’est-ce que le repowering ?

Aujourd’hui, la durée de vie d’une éolienne est en moyenne de 20 ans. Or, depuis le début des années 2000, et l’ouverture de nombreux parcs, la technologie qui permet de transformer la force du vent en électricité a fait d’énormes progrès. Alors que la grande majorité des modèles étaient dotés d’ une puissance de 1 MW, le standard est actuellement de 3 MW. Par ailleurs, leur taille a augmenté de 17 % et leur capacité de production de 200 %. C’est ce qui fait que la plupart des éoliennes présentes dans les parcs sont devenues obsolètes, et présentent des rendements très inférieurs à ceux que l’on peut obtenir aujourd’hui. De ce fait, le repowering consiste à installer des modèles récents qui vont générer beaucoup plus d’énergie. Cela permet de maximiser l’exploitation des sites et d’augmenter de manière significative la production d’électricité verte. On parle ici d’un gain pouvant aller jusqu’à 60 % d’énergie en plus.

Multiples avantages

Mis en service en 2007, le parc éolien du Mont de Bézard, situé à une cinquantaine de kilomètres d’Epernay (Marne), a fait l’objet de ce type d’opération fin 2022. Les 6 éoliennes de 2 MW qui étaient déployées sur le site ont été remplacées par 6 éoliennes de 4,2 MW,  plus hautes et bien plus puissantes, qui permettent désormais de produire suffisamment d’électricité pour alimenter 40 000 foyers tous les ans, soit nettement plus qu’auparavant.

Autre exemple avec le parc éolien d’Hagshaw Hill au sud de l’Écosse, exploité depuis 1995 par la société ScottishPower Renewables, dont les éoliennes sont en train d’être renouvelées par des turbines à la pointe du progrès technologique. À l’origine constitué de 25 éoliennes de 16 MW de puissance cumulée, le parc va évoluer en 14 éoliennes de nouvelle génération. Les pales de celles-ci culmineront à près de 200 mètres de haut contre 55 mètres pour les anciens modèles. Début 2025, elles généreront plus de 79 MW de puissance cumulée, ce qui représente cinq fois plus d’électricité et assez pour pourvoir aux besoins de 61 000 logements chaque année.

Pour autant, le gain de production n’est pas le seul avantage du repowering. Installer des modèles plus modernes, plus silencieux et déployés en moins grand nombre permet également de réduire l’impact environnemental et acoustique des parcs. C’est aussi un atout pour diminuer les coûts d’exploitation et vendre l’électricité produite moins cher, avec une baisse pouvant aller jusqu’à 30%, car ces nouveaux équipements nécessitent moins d’entretien. Par ailleurs, l’augmentation de la puissance des parcs permet une hausse des revenus générés par l’énergie éolienne.

Quel est le cadre juridique ?

La loi d’accélération de la production des énergies renouvelables de mars 2023, dite loi APER, comporte un article consacré au « rééquipement » des installations de production d’énergies renouvelables qui prévoit que les opérations de repowering doivent être soumises à un processus d’évaluation environnementale limité « aux incidences notables potentielles résultant de la modification ou de l’extension par rapport au projet initial ».

Pour autant, depuis juillet 2018, la réglementation prévoit qu’en cas de « modification substantielle » des installations initiales, une nouvelle autorisation environnementale doit être délivrée. Par « modification substantielle », on parle ici d’ajout d’éoliennes supplémentaires, ou de remplacement par des éoliennes plus hautes ou avec des pales plus longues. Cela veut dire que la plupart des projets de repowering doivent faire l’objet d’un nouvel agrément, ce qui ralentit et complique leur mise en œuvre. À date, le cadre juridique qui définit les modalités du repowering reste donc à améliorer.

Que faire des éoliennes démontées ?

Selon l’ADEME, une éolienne est recyclable jusqu’à 98%. Il s’agit en effet d’un équipement majoritairement fabriqué avec du cuivre, du fer, de l’acier, de l’aluminium, du zinc, et du béton, soit autant de matériaux que l’on sait revaloriser. En outre, elle ne contient pas d’éléments dangereux, ni toxiques.  La directive-cadre sur les déchets de 2008 et la loi sur la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire de 2020, également appelée loi AGEC, imposent d’ailleurs le traitement et le recyclage de ces équipements.

Le repowering constitue donc une opportunité pour alimenter les filières de réemploi et favoriser l’économie circulaire. À ce titre, les composants des éoliennes obsolètes du parc du Mont de Bézard ont été soit recyclés, soit affectés à d’autres sites pour servir de pièces de rechange.

À partir de 2025, ce sont plusieurs centaines d’éoliennes, les premières à avoir été installées, qui arriveront chaque année en fin de vie. Alors que la France est en retard sur le développement de l’éolien terrestre au regard de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE 2019-2028), le repowering permettra de remplacer un matériel qui a fait son temps, tout en augmentant considérablement la puissance des parcs. Ce type d’opération est donc crucial pour accélérer la transition énergétique et atteindre les objectifs de décarbonation.  Les énergéticiens estiment à environ 5 GW la puissance installée éolienne qui pourrait être gagnée de la sorte à l’horizon 2030.

Crédit photo : Unsplash

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