Accélérer la transition
Les interconnexions transfrontalières facilitent également le développement des énergies renouvelables, et plus particulièrement de l’éolien et du solaire qui sont par nature intermittentes car dépendantes de la force du vent et du niveau d’ensoleillement. Or, il n’existe pas encore de technologie permettant de stocker l’électricité en grande quantité. En matière de renouvelables, ce qui est produit doit être utilisé dans l’instant afin de maintenir l’équilibre du système électrique.
Grâce aux interconnexions, il devient possible pour un réseau national d’exporter vers un pays voisin le surplus photovoltaïque ou éolien quand l’offre dépasse la demande, ce qui favorise la production et la consommation d’électricité décarbonée à travers le continent. C’est de cette manière, en exportant de l’électricité les jours ou le vent soufflait fort et en en important les jours sans vent, que le Danemark a pu développer l’un des importants parcs éoliens offshore au monde. Celui-ci couvre actuellement 20% de ses besoins.
Tout indique que le maillage des systèmes de production est appelé à jouer un rôle central dans la transition énergétique, et pourrait même être le principal moteur de l’électrification à grande échelle des usages.
Pour toutes ces raisons, le marché électrique européen est voué à devenir toujours plus intégré et solidaire dans les prochaines années. Alors que la France bénéficie déjà de 57 liaisons transfrontalières, RTE, qui est le gestionnaire du réseau de transport d’électricité tricolore, prévoit de doubler les interconnexions avec les pays voisins d’ici à 2035, ce qui doublera mécaniquement les possibilités d’échanges. Pour les autres Etats membres, les capacités de transmission transfrontalière vont augmenter elles aussi, avec 23 GW supplémentaires actuellement en cours de construction.
Fin mai 2024, les ministres de l’Énergie de l’Union ont d’ailleurs acté la mise en place d’un super-réseau européen, qui sera caractérisé par une intégration nettement plus poussée des infrastructures d’échange.
L’avenir est donc à une production et à une consommation de plus en plus collective et partagée, sésame d’une sécurité renforcée, d’une meilleure résilience et d’une plus grande performance dans la baisse des émissions de CO2. Encore plus qu’aujourd’hui, les interconnexions vont devenir vitales pour faire face aux crises et indispensables pour accélérer la décarbonation.