- Transition énergétique
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Sommes-nous prêts ?
De toute l’énergie consommée dans le monde, plus de 80% provient encore de combustibles fossiles. Cette énergie a été et reste indispensable au développement de nos économies et de nos industries, mais la prédominance des fossiles dans le mix énergétique est à l’origine d’environ deux tiers des émissions mondiales de CO2. Alors pour préserver notre environnement et pour contenir le réchauffement climatique sous les seuils garantissant notre survie, un seul mot d’ordre : la transition énergétique !
Dans cet épisode, Samuel, journaliste passionné par la transition énergétique interroge
plusieurs expert.e.s pour déterminer si nous sommes prêts – ou pas – pour réussir cette
transition.
D’ailleurs, si la transition énergétique était une recette, quels en seraient les ingrédients indispensables et leurs quantités respectives ?
Yannick Jacquemart :
Une recette pour la transition énergétique, on y met classiquement quatre ingrédients : deux côtés production et deux côtés consommation.
Côté production, pour la France, c’est un mix nucléaire. Il faut que ça fonctionne bien, en attendant les nouvelles centrales. Et côté renouvelable, évidemment, puisque c’est ce qui se développe aujourd’hui, et ce qui peut se développer rapidement. Que ce soit du solaire, de l’éolien, surtout offshore marin.
Et deux côtés consommations qu’il ne faut pas oublier l’efficacité énergétique, très importante. Depuis dix, quinze ans, la consommation française n’a pas augmenté. Et le quatrième, c’est la sobriété, qui a fait son irruption dans le discours politique il y a quelques années. La sobriété, c’est le fait d’utiliser des ressources uniquement en fonction de ses besoins et en évitant de gaspiller, pour faire simple. Et puis, après, il y a plusieurs dimensions. On peut aller vers une sobriété collective.
Anaïs Voy Gillis est géographe et chercheuse associée à l’IAE de Poitiers. Elle considère que la transition énergétique repose sur 3 types d’efforts…
Anaïs Voy Gillis :
Pour moi, il y a trois ingrédients qui sont clés. Le premier, et qui va sembler comme une évidence, peut-être pour les personnes qui nous écoutent, c’est la question de l’énergie bas carbone : avoir une énergie bas carbone qui est accessible à tous, qui est disponible en quantité suffisante et, surtout, qui est à prix compétitif par rapport aux autres sources d’énergie afin d’accompagner cette transition énergétique.
Le deuxième ingrédient, qui est un ingrédient majeur, qui est la maturité des technologies qui vont être le support de cette transition écologique.
Le dernier, et peut être que le dernier, j’aurais tendance à dire qu’il va peser plus que les autres ingrédients, c’est l’engagement des parties prenantes, c’est-à-dire au long de la chaîne de valeur. Quand on regarde l’industrie mais aussi les consommateurs, les acteurs politiques, comment ils se mobilisent pour accompagner cette transition écologique, comment ils s’y intéressent. Donc c’est la question du soutien public, c’est la question de la vision des acteurs politiques de la société qu’ils souhaitent construire, mais aussi notre vision individuelle, donc comment on supporte cette transition écologique par nos actions individuelles, même si on a bien entendu, besoin d’avoir un support de la société.
Le décor est planté. Néanmoins, si elle est enclenchée, cette transition se fait encore à petits pas. Alors j’ai interrogé Anaïs Voy Gillis sur les leviers qu’elle considère indispensables pour accélérer le mouvement.
Anaïs Voy Gillis :
Il y a encore un long chemin à parcourir pour réussir cette transition, à la fois pour des questions de maturité technologique, dont je parlais juste avant, avoir des technologies qui sont matures, accessibles à tous. Il y a la question des paramètres économiques, qui peut être un frein bloquant. Aujourd’hui, quand on regarde le prix de l’électricité par rapport à d’autres sources d’énergie on peut se rendre compte qu’il peut être, par exemple, plus élevé que le prix du gaz.
Ça peut être un frein dans la transition, si tous les paramètres économiques ne sont pas alignés. Il y a aussi la capacité que la demande a à soutenir cette transition. Et quand on parle de demande, c’est à la fois comment la commande publique pourrait être un soutien à l’émergence de filière bas carbone. Et puis, il y a deux autres groupes d’acteurs qu’on pourra considérer : c’est les particuliers qui peuvent faire le choix de soutenir des produits qui vont être mieux, disons sur le plan environnemental et souvent mieux, disons sur le plan carbone, et les autres acteurs industriels.
Il y a un véritable enjeu : que les acteurs industriels soutiennent en général sont les industries de l’amont et qu’ils sont les plus émettrices, celles qui vont produire et fabriquer les produits de base, que ce soit l’acier l’aluminium le ciment, des produits chimiques… Bien qu’elles choisissent de soutenir des produits moins émetteurs de carbone, moins intensifs en carbone pour leur fabrication, mais qui, parfois, si on veut aller jusqu’au bout de la route de la décarbonation, pourront être plus chers que des produits avec une intensité carbone plus importante.
La transition c’est donc l’affaire de toutes et tous ! Les entreprises ne sont pas en reste.
Boris Bosse est artisan ; il témoigne du rôle que sa PME entend jouer dans la transition énergétique.
Boris Bosse :
Finalement, cette transition énergétique correspond à la transition de nos activités. Le boom qu’il a eu ces dernières années, le premier, je dirais c’est lié à tout ce qui est les primes énergétiques “ma prime rénove” des choses comme ça qui auraient cité, au changement des matériels de chauffage, donc on passe beaucoup de fioul nous, à tout ce qui est aérothermie et géothermie. Ça, ça a été le premier boom.
Et le deuxième, c’est la hausse du tarif de l’électricité. Donc les gens cherchent des solutions et une des solutions qui est très demandée, c’est tout ce qui est panneaux photovoltaïques en autoconsommation. Donc, on a énormément de demandes sur le marché par rapport à ça. La transition énergétique est surtout liée au coût de l’énergie. Moi, j’ai un regard plutôt positif, parce que je trouve que d’aller sur les énergies renouvelables et d’optimiser la gestion de nos consommations, tout type d’énergie ça va dans le bon sens pour réduire notre impact environnemental, et je trouve que ça donne du sens à nos métiers, puisque voilà, on vient des acteurs de la transition énergétique. C’est plus intéressant d’installer des panneaux photovoltaïques ou des systèmes de chauffage à énergie renouvelable que d’aller installer des chaudières combustibles fossiles.