- Génie électrique
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Numérique et électricité intelligente
La fiabilité et la résistance du réseau électrique sont essentielles pour réussir la transition énergétique. Dans ce contexte, la numérisation et les technologies dites « smart grids » (c’est-à-dire de réseau intelligent), offrent des solutions prometteuses pour construire un système électrique plus efficace, flexible et résilient. Le principe ? ajuster en temps réel les flux d’électricité aux besoins.
Dans cet épisode, Samuel, journaliste passionné par la transition énergétique interroge plusieurs expert.e.s pour évoquer la façon dont ces technologies sont utilisées pour optimiser les opérations du réseau, intégrer les sources d’énergie renouvelables et donner aux consommateurs les moyens de faire des choix énergétiques éclairés.
Fabien Renou, rédacteur en chef du Moniteur, fait le point sur ce que sont les Smart Grids et sur la place qu'ils occupent dans les scénarios de transition énergétique.
Fabien Renoux
Les Smart Grids sont des réseaux locaux, c’est important, de distribution, voire production d’énergie, pilotés de manière numérique. L’intérêt des Smart Grids, il est effectivement de gérer une production-consommation d’énergie, ou à l’échelle d’un quartier, on va dire, dans lesquels les besoins peuvent être variés selon la journée, au cours de la journée, avec des bureaux qui consomment le jour et des logements qui consomment le soir, le matin et la nuit. Et donc le pilotage intelligent permet justement d’affecter la bonne énergie au bon endroit et surtout si on le couple avec des outils de production d’énergie, les panneaux photovoltaïques ou de la géothermie ou peu importe à la rigueur, ça peut être plein de choses très différentes. Donc là-dessus, il y a quelque chose d’assez simple sur le principe, qui est assez complexe à mettre en place quand même, et qui nécessite en particulier beaucoup d’anticipation.
Comment cette mise en œuvre des Smart Grids peut-elle justement se concrétiser ? Les explications de Yannick Jacquemart, directeur Nouvelles flexibilités pour le système électrique chez RTE.
Yannick Jacquemart
Dans les Smart Grids, on va venir à deux dimensions. On va avoir des Smart Grids et des Smart Buildings. Et notre défi du moment, c’est de faire parler les deux. Les Smart Grids, c’est donc des réseaux dits intelligents. On va avoir une gestion très dynamique de ce qui se passe sur le réseau. Et ça va surtout permettre de limiter la construction de nouveaux réseaux. On va utiliser au mieux le réseau existant en fonction des conditions réelles, temps réels de la situation, s’il y a du vent, la ligne se refroidit, etc. Le Smart Buildings, c’est toute la domotique, les GTB, comme on dit dans le tertiaire, les gestionnaires techniques du bâtiment, c’est toute la capacité qu’on a aujourd’hui facilement de programmer ses usages et de faire savoir, ne serait-ce que par smartphone, le niveau de confort qu’on veut, je veux de la température, je m’en vais demain, je veux que ma voiture soit chargée, je veux baisser mes volets, etc. Tout notre défi, c’est d’allier les deux, c’est-à-dire d’avoir un réseau géré dynamiquement, mais aussi une consommation qui réagit. Et cette réaction, ce qui est important de comprendre, c’est qu’on n’a pas besoin d’une réaction en temps réel, on a besoin d’une bonne programmation. On sait tous les jours qu’il y a du soleil, on sait tous les jours qu’il y a moins de consommation la nuit. Donc à l’ordre 1, on peut déjà programmer de façon statique, de façon une fois dans l’année, programmer ces appareils pour éviter de consommer ce qui peut être décalé pendant les pointes. Après on peut faire plus avec du Smart. On peut s’adapter. Si demain il fait froid, si demain il y a beaucoup de vent, je vais au contraire soit consommer moins, soit consommer plus, décaler certains usages qui pourraient l’être d’une journée sur l’autre ou d’un moment de la journée sur un autre.
On le comprend, pour les Smart Grids comme pour les Smart Buildings, le côté smart, intelligent, est partagé entre les usagers et la technologie. Dans le détail, sur quels appareils cet ajustement des flux électriques s'opère-t-il ? Qu'est-ce que ça va changer dans nos quotidiens ?
Yannick Jacquemart
De plus en plus d’acteurs proposent d’internaliser cette complexité de la gestion dynamique du système électrique, et donc vont proposer des offres dans lesquelles vous ne vous occupez de rien, mais en fait, eux vont utiliser des données météo, des données des prix électricité pour optimiser votre facture en faisant bouger à confort inchangé votre consommation. Évidemment il ne s’agit pas de bouger la cuisson, il ne s’agit pas de bouger l’éclairage, ça c’est instantané, mais ils vont jouer sur votre chauffage, ils vont jouer sur la charge de votre voiture électrique, ils vont jouer sur la charge de votre ballon d’eau chaude, ce genre d’appareils qui sont des postes assez importants de consommation mais qu’on peut décaler au moins de quelques heures.
Martial Guipet est ingénieur d'études techniques chez SANUELEC. Il a participé à l'installation d'un réseau de capteurs, Powertag, pour Grand Dijon Habitat. Il revient avec nous sur ce que permet ce type de technologie.
Martial Guipet
On a eu une demande d’un de nos clients d’un bâtiment de bureau sur Dijon. Sa demande, lui, c’était justement de pouvoir avoir une action sur la consommation électrique de son bâtiment, sauf qu’il n’avait aucun levier puisqu’il ne savait pas sur quoi agir. Donc il nous a consulté et on a proposé cette solution-là pour pouvoir faire en sorte d’avoir une consommation sur certains circuits de ces bureaux pour qu’ils puissent agir lui par la suite sur tel ou tel circuit. On a fait une installation avec des Powertags concernant la prise de données et la remontée de données pour la consommation énergétique. Un Powertag, c’est un petit élément qu’on insère dans le tableau électrique, principalement sous un disjoncteur. Pour le pont overtech, il y a deux fonctions principales. La première, c’est de remonter l’information de consommation électrique et la deuxième, c’est de renvoyer une information pour pouvoir commander un circuit particulier si on veut par exemple couper un circuit d’éclairage ou un circuit de prise si nécessaire. L’avantage de ce type d’installation, c’est que ça permet d’être évolutif. Dans ce cadre-là, de souvenir, on a mis une petite dizaine de réseaux sous surveillance, mais si le client désire faire évoluer cette installation, on peut tout à fait aller mettre des relevés sur différents circuits, en rajouter, en enlever, et puis agir ou non sur les circuits qu’il désire. La transition énergétique fait évoluer nos métiers, c’est certain. On s’oriente beaucoup plus sur des métiers comme la pose de bornes IRVE, de panneaux photovoltaïques. C’est des choses qu’on ne faisait pas avant. C’est des choses dans lesquelles on est en train justement de mettre en place des formations et de s’intéresser à ce corps de métier qui n’était pas le nôtre jusqu’à maintenant.
C’est terminé pour aujourd’hui !
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Courant Positif est un podcast produit par Rexel, concocté par l’Agence Calliopé et animé par Samuel Belaud.