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L’électrification du bâti en bonne voie
La lutte contre le changement climatique et la transition énergétique exigent une rénovation généralisée et concertée de nos bâtiments, qui représentent une part importante de la consommation d’énergie et des émissions de gaz à effet de serre.
Dans cet épisode, Samuel, journaliste passionné par la transition énergétique interroge plusieurs expert.e.s pour interroger la complémentarité de la rénovation énergétique et de l’électrification des bâtiments, étapes indispensables pour réduire l’empreinte carbone de ce secteur.
D'abord, voyons comment nous pouvons accélérer cette transition énergétique du bâtiment avec Fabien Renou, rédacteur en chef du journal Le Moniteur.
Fabien Renou
Il y a d’abord deux grandes typologies de bâtiments, il y a le neuf et l’ancien. Le neuf étant tout petit par rapport à l’ancien, évidemment. Sur le neuf, on a une réglementation en France qui s’appelle la RE-2020, la réglementation environnementale 2020, qui rentre en vigueur en 2022, et qui a la particularité d’intégrer à l’énergie, la consommation énergétique, comme les réglementations précédentes, d’ajouter une dimension carbone. Donc ça, c’est vraiment une nouveauté. La France est assez pionnière sur le sujet, assez ambitieuse. Ça concerne le choix des matériaux, les choix de chauffage, de rafraîchissement, tout ce qui pèse dans la consommation énergétique et les émissions carbone du bâtiment. Le vrai sujet, c’est la Réno. Si on veut être ambitieux et avoir un effet sur les émissions carbone et les consommations énergétiques, c’est la Réno. Et là, on a, on sait, un patrimoine bâti qui est très varié, avec les fameuses étiquettes I.C.B.D.P.E qui sont variées, A.B.C.D.E… Et là, les leviers pour agir sont divers selon la typologie de bâtiment. Pour faire simple, les maisons individuelles dont le propriétaire est souvent l’occupant, si on veut accélérer la rénovation, et c’est ce qu’on fait aujourd’hui, ce sont avant tout les aides à la prime rénov’ qui fonctionnent.
Alors peut-on considérer que les loueurs, les bailleurs sociaux, mais aussi les copropriétés ont enclenché cet effort de rénovation?
Fabien Renou
Pour le collectif, c’est radicalement différent. Pour l’habitat collectif, on a d’abord les bailleurs sociaux qui possèdent une grande partie, une partie importante du patrimoine bâti en France et se sont lancés dans des travaux titanesques de rénovation énergétique ces dernières années parce qu’il y avait l’interdiction de louer des passoires énergétiques qui leur pendaient au nez. Et donc, pour pouvoir continuer à louer, ce qui est leur vocation première, il fallait qu’ils rénovent ces appartements. Et là-dessus, ils ont été vraiment hyper ambitieux, ils ont réussi un tour de force assez important, malgré des conditions financières compliquées, mais en tout cas, ils s’y sont mis. Et donc, on va éradiquer les passoires thermiques, les passoires énergétiques du logement social dans les mois qui viennent. Dans le logement, il reste la copropriété, le collectif qui n’appartient pas aux bailleurs sociaux. Et là, c’est beaucoup plus compliqué, pour tout un tas de raisons. Parce que justement on a dans des copros, des copropriétaires qui n’ont pas les mêmes intérêts, entre le propriétaire bailleur qui loue, qui peut interdit de louer aussi, donc lui il peut avoir intérêt à faire ses travaux, et propriétaire occupant qui lui va rester dans son appartement même si c’est une passoire et qui n’a pas forcément envie de payer les travaux, il peut y avoir des conflits. Et puis, il y a la lenteur de la prise de décision dans des copropriétés, la lourdeur des travaux. Voilà, ça peut mettre des années. Même une fois que c’est décidé, ça met deux à quatre ans avant que ce soit réalisé. Donc, c’est vraiment une lourdeur sur laquelle il faut absolument agir pour accélérer le phénomène. C’est trop lent sur les copros aujourd’hui, on a un vrai sujet sur les copropriétés françaises.
Du chemin reste donc à parcourir. Yannick Jacquemart, directeur Nouvelles flexibilités pour le système électrique GRTE, souligne le fait que tous les acteurs n'ont pas forcément pris la mesure des enjeux écologiques et économiques de la rénovation énergétique.
Yannick Jacquemart
Et souvent, dans les conseils qui sont donnés sur l’efficacité énergétique, sur la sobriété, sur l’équipement dans les bâtiments, on oublie l’importance du bâtiment tertiaire, parce que c’est quand même 1 milliard de m², les bâtiments tertiaires en France. Des bâtiments très divers, des très modernes, des très anciens, qui appartiennent à l’État, aux collectivités locales, à des groupes privés. La gestion de l’énergie, c’est secondaire, souvent, par rapport à l’activité principale de ces bâtiments. C’est logique. Mais l’enjeu écologique et économique, lui, il n’est pas négligeable. Et donc c’est important de faire prendre conscience à tout le monde que s’équiper d’appareils, de domotiques, de programmations bien programmées pour éviter cette pointe du matin, cette pointe du soir, c’est l’enjeu demain. Et c’est un enjeu dans lequel on va s’y retrouver sur sa facture autant que sur son impact environnemental.
Le mot de la fin, il est pour Driss Younsi, directeur technique et sécurité de l'hôtel Pullman, Cannes-Mandelieu.
Driss Younsi
Moi, en qualité de directeur technique, mon rôle, effectivement, c’est de consommer le moins possible. C’est ma principale mission. Ça me paraissait logique, effectivement, de me diriger vers des équipements moins énergivores qu’on pouvait avoir à l’époque. Le choix a été dirigé en ce sens. Il faut savoir qu’aujourd’hui, nous, on parle souvent du décret tertiaire qui nous oblige, nous, hôteliers et autres industries, de faire des économies sur plusieurs années. Donc nous, par exemple, dans notre hôtel, au sein du Pullman, on a ce qu’on appelle de la récupération de calories. On utilise des groupes froids. Donc lorsqu’on clean, si vous voulez, on utilise la chaleur que la clean dégage pour préchauffer notre eau chaude sanitaire, ce qui fait que, par exemple, l’été, on utilise très peu d’électricité pour chauffer nos ballons d’eau chaude. C’est super. À côté de ça, on a ce qu’on appelle une GTC, donc c’est une gestion technique centralisée, ce qui nous permet de voir nos consommations à l’instant T et de gérer toutes nos installations CVC. C’est-à-dire que moi, aujourd’hui, j’ai une trentaine de centrales d’air, de traitements d’air pour traiter différentes zones. Je peux les arrêter à distance, les régler sur horloge, etc. Le but étant toujours de consommer le moins possible. Après, on installe de la LED aussi partout. Imaginez un hôtel comme le nôtre, qui fait 17 000 m2 de surface, tout remplacer en LED, ça a été très compliqué, mais ça a été fait, on a relevé le défi. Au-delà de tout ça, nous, on a mis dans nos chambres ce qu’on appelle des lecteurs badge, ce qui permet au client, si vous voulez, quand il rentre dans sa chambre, il met son pass dans lecteur badge pour allumer toutes les lumières et autres installations. Ce qui permet, si vous voulez, quand le client part, de ne pas avoir de l’éclairage inutile toute la journée. Au-delà de ça, on a aussi le ventilo-convecteur qui est relié à un contacteur de porte de dévitrée. Ce qui veut dire que quand on clime et que la porte-fenêtre est ouverte, la clime se coupe automatiquement. Donc ça aussi, pour le mannequin Mandelieu, on est bon élève depuis pas mal de temps, puisqu’on a anticipé toutes les demandes que le décret tertiaire, au final, nous impose. Nous, depuis 2015, on est équipé de tout ça. Il faut continuer les efforts et je pense que, de toute façon, on aura toujours de plus en plus de solutions qui s’offriront à nous pour faire en sorte de consommer le moins possible.
C’est terminé pour aujourd’hui !
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Courant Positif est un podcast produit par Rexel, concocté par l’Agence Calliopé et animé par Samuel Belaud.