BTP

Des chantiers 100 % électriques ?

L’industrie du BTP est un contributeur majeur aux émissions de gaz à effet de serre. Un rapport indique qu’en 2022, le secteur représentait 37 % des émissions mondiales de CO2 liées à l’énergie et aux processus opérationnels. L’atteinte des objectifs climatiques implique donc que le BTP se décarbonise de façon importante, et l’électrification des chantiers est une étape cruciale de ce processus.

Dans cet épisode, Samuel, journaliste passionné par la transition énergétique interroge plusieurs expert.e.s pour évoquer le potentiel de chantiers 100 % électriques ! Quels sont les défis et les opportunités d’utiliser des outils, des machines et des véhicules électriques sur les projets de construction ou de voirie ?

Fabien Renou, rédacteur en chef du Moniteur, revient sur l'intérêt d'électrifier le moment clé du chantier.

Fabien Renou

L’électrification des chantiers est un enjeu central pour les entreprises de travaux. La question qui se pose aujourd’hui, c’est la question d’offre de matériel. L’offre aujourd’hui ne permet pas d’avoir un chantier 100% électrique sauf, selon les typologies de chantier, ce qu’on appelle les travaux urbains. C’est plutôt dans les villes, comme son nom l’indique, des petits chantiers avec des petites pelles mécaniques, qui peuvent avoir des batteries électriques, ça peut fonctionner. Il peut y avoir et des petits matériels électriques qui fonctionnent très bien aujourd’hui. Mais ce sont vraiment des gammes particulières de matériels sur des typologies de travaux particuliers. C’est beaucoup moins vrai sur les grands chantiers d’infrastructures parce que déjà on peut être en race campagne quand on construit une autoroute ou une LGV et donc on n’a pas forcément l’accès à la charge électrique. Et surtout, le vrai problème, il est surtout de l’offre de matériel. C’est-à-dire qu’un gros tombereau, une grosse pelle ou un booter ne sont pas aujourd’hui alimentés par des batteries électriques parce qu’ils n’ont pas la puissance nécessaire au travail. Donc, il y a différentes solutions. Il y a des recherches en cours sur l’hydrogène dans le secteur du matériel de chantier, un peu comme sur les camions. Les poids lourds sont aussi… Il y a des possibilités sur l’hydrogène puisque ça permet d’avoir une puissance importante.

Est-ce que l'électrification de la face de chantier peut suffire à décarboner sensiblement le secteur du BTP?

Fabien Renou

Dans l’empreinte carbone du BTP, le chantier en soi pèse un peu, mais la vraie empreinte, c’est le bâtiment, c’est l’ouvrage en tant que tel. Le bâtiment, le pont, c’est le béton, c’est le matériau. Et après, c’est évidemment l’usage du bâtiment. C’est-à-dire qu’un bâtiment qui est construit, quel que soit le matériau qui est construit, après, il consomme de l’énergie, il produit du CO2 pendant toute la durée de sa vie. Et un bâtiment, ça dure des décennies, des décennies, voire des siècles. Donc rapporté à tout ça, la phase chantier, finalement, elle est assez réduite. Mais c’est un sujet sur lequel le secteur immobilisé doit agir, effectivement.

Ce secteur reste néanmoins très dépendant des combustibles fossiles. Peut-on réellement imaginer qu'il passe le cap de l'électrification? L'avis de Yannick Jacquemart, directeur Nouvelles flexibilités pour le système électrique chez RTE.

Yannick Jacquemart

Globalement, électrifier, c’est la voie principale pour décarboner. L’ensemble des analyses le montrent. Ce qui est prévu d’ici 2050, c’est que l’électricité, qui ne représente aujourd’hui que 25% de la consommation française d’énergie…un quart. On parle beaucoup de savoir si on veut du renouvelable ou du nucléaire. Mais en fait, ce n’est qu’un quart. Et on a 60% qui vient du fossile. Donc tout l’enjeu dans tous les domaines, c’est bien de passer du fossile à autre chose. Et quand on regarde les sources, tout ne sera pas électrique, bien sûr, mais il est prévu globalement d’ici 2050 de diminuer la consommation d’énergie de 30%, mais que la part d’électricité dans cette consommation augmente parce que c’est un des moyens de décarboner. Donc dans le secteur du BTP comme dans d’autres, passer à l’électrique, c’est forcément mieux qu’avoir des groupes électrogènes sur site, etc.

Pour conclure cet épisode de Courant Positif, Sébastien Sauzet, fondateur et directeur d'Abellio Énergie, présente son activité et son engagement en faveur de la transition énergétique.

Sébastien Sauzet

On a commencé le métier en 2012 comme tous les artisans, et puis on s’est spécialisé depuis 2018 dans les énergies renouvelables, dont le solaire. On va dire qu’au fur et à mesure des années, du marché qui a évolué vers ces énergies qui deviennent de plus en plus chères, on a suivi un peu le pas de ce renouvellement énergétique. Tout ce qui est photovoltaïque, solaire et thermique, c’est on va dire 70% de notre activité. Et le reste des activités, c’est la pompe à chaleur, climatisation, chaudière, biomasse. Nous, on est quand même dans un climat assez froid, un climat tempéré au pied des Pyrénées. On a besoin de chauffage et c’est vrai que la partie pompe à chaleur a très longtemps été une grosse partie de notre activité. Là, c’est associé à la partie solaire photovoltaïque pour la production d’énergie. Après, on a des logiciels qui nous aident à dimensionner et à un peu expliquer le pourquoi du solaire photovoltaïque. Mais après, les chiffres parlent d’eux-mêmes. On voit vite que le retour sur investissement se fait dans une durée très courte. Et que les produits aujourd’hui sont fiables, avec des garanties avoisinant les 25-30 ans, donc on peut arriver à vendre des projets facilement. Très souvent, même un particulier comme un professionnel cherche à faire des économies sur sa facture d’énergie. On a quelques projets pour le pro sur de la revente totale d’énergie, qui sont des projets un peu plus gros, mais on va dire que l’économie qu’on peut engendrer par la pose de ce système de chauffage ou de production d’énergie quand même encourage les clients à faire le pas vers un investissement qui est quand même onéreux, mais qui a un bon retour sur investissement. Si on veut arriver aux objectifs tenus, c’est vrai qu’il faut que nos entreprises évoluent de la même façon que les normes qui sont présentées par le gouvernement. Ça avance très vite. On voit, si on prend le recul d’il y a cinq ans, il n’y avait aucune transition énergétique qui était engagée. Aujourd’hui, on va dire qu’un client sur deux appelle pour des énergies renouvelables.

C’est terminé pour aujourd’hui !
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Courant Positif est un podcast produit par Rexel, concocté par l’Agence Calliopé et animé par Samuel Belaud.

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