- Génie climatique
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La climatisation est-elle une menace pour l’environnement ?
Alors que de plus en plus de personnes ont recours à la climatisation dans le monde, la question de son impact écologique et énergétique se pose. Celui-ci est réel mais il peut être limité et de bons compromis existent.
C’est une conséquence indéniable du réchauffement climatique. Dans tous les endroits du monde exposés à une aggravation de la chaleur et où vit une population qui a les moyens de s’équiper, le recours à la climatisation s’accroît dans le secteur résidentiel. Le parc de climatiseurs installés dans le monde est aujourd’hui estimé à 2 milliards, dont 40% en Chine et 20% aux Etats-Unis, où la quasi-totalité des ménages sont équipés. Selon un rapport de l’AIE, environ 135 millions de nouveaux appareils sont vendus chaque année, soit trois fois plus qu’en 1990.
Et la tendance n’est pas près de s’inverser. À horizon 2050, le monde pourrait compter plus de 5,5 milliards de climatiseurs. Son usage devrait en particulier exploser dans les pays émergents avec un fort taux de croissance. Il est ainsi attendu une banalisation du climatiseur auprès des populations aisées et de la classe moyenne en Inde, sur le modèle de ce qui s’est passé en Chine au cours des dernières années. En 2019, il était estimé que la consommation d’énergie liée à la climatisation en Chine avait été multipliée par 68 depuis 1990. Et d’ici à 2050, près de la moitié des climatiseurs installés le seront en Asie.
Mais le mouvement est global. Dans le monde, la part des foyers équipés pourrait passer de 36% en 2022 à 60% en 2050, selon les estimations de l’AIE (Agence Internationale de l’Energie). La France devrait y contribuer. Situé en zone tempérée et longtemps focalisé sur la problématique des hivers rigoureux, le pays a pourtant une faible culture de la climatisation des foyers, à l’exception de la zone méditerranéenne. Le secteur tertiaire est en revanche mieux équipé (64% des bureaux et 55% des commerces d’après des chiffres compilés par le magazine Epsiloon).
Un boom de l’équipement en France
Selon des données de l’ADEME, on estime qu’environ la moitié des habitants du Sud-Est et de la Corse possèdent un climatiseur contre 17% dans le Nord et l’Île-de-France et 11% en Bretagne. Ces dernières années, et alors que la France se trouve confrontée à des vagues de chaleur de plus en plus nombreuses et de plus en plus intenses, le taux d’équipement des foyers en climatisation a bondi, passant de 14% en 2016 à 25% en 2020. Toujours selon l’ADEME, le nombre d’appareils vendus a pour la première fois dépassé les 800 000 unités alors qu’il s’en vendait précédemment autour de 350 000 par an.
En France, le taux d’équipement pourrait atteindre 55% en 2050 et se généraliser dans les régions les plus chaudes où la saison estivale se montre de plus en plus éprouvante sur la durée. Cet été encore, la ville de Nice (Alpes-Maritimes) a par exemple enregistré un nombre record de nuits tropicales (une nuit dite tropicale est caractérisée par une température minimale qui ne s’abaisse pas sous la barre des 20°C) entre début juillet et début septembre.
Pour diminuer la sensation d’inconfort, de plus en plus de particuliers se pressent donc de s’équiper en climatisation. Dans un pays où la population vieillit et où l’effet d’îlot de chaleur urbain peut rendre les canicules insupportables à vivre, cette démocratisation du climatiseur n’a rien d’illogique. Mais, contrairement au chauffage qui ne souffre pas de remise en cause, la climatisation a mauvaise presse et est souvent qualifiée de solution de « mal-adaptation » au changement climatique.
Une consommation énergétique à maîtriser
Qu’en est-il vraiment ? Il y a trois écueils principaux qui sont reprochés à la climatisation. Premièrement, les climatiseurs d’ancienne génération sont des gloutons énergétiques. Selon l’AIE, les climatiseurs et ventilateurs représentent 10% de la consommation électrique mondiale. Dans un pays entièrement climatisé comme l’Arabie Saoudite, cela représente… 70%. La France est loin de cette situation : en 2020, ils représentaient environ 3,5% de la consommation électrique totale du pays.
Par ailleurs, l’utilisation simultanée de milliers voire de millions de climatiseurs peut accroître significativement la sollicitation des réseaux électriques. De plus, tous les pays ne jouissent pas d’une électricité majoritairement décarbonée comme c’est le cas en France. En Chine et en Inde, quand la climatisation entraîne des pics de consommation, ce sont les centrales à charbon, très polluantes, qui sont particulièrement sollicitées. Se rafraîchir au prix d’une augmentation des gaz à effet de serre apparaît alors effectivement comme un non-sens.
La climatisation peut contribuer directement à aggraver le changement climatique par un autre biais. Les fluides frigorigènes fluorés, qui équipent de nombreux climatiseurs et pompes à chaleur réversibles, sont de puissants gaz à effet de serre. Par exemple, le gaz frigorigène R410 a un pouvoir de réchauffement 2038 fois supérieur au CO2. Ils sont d’ailleurs tellement nocifs pour le climat que l’Europe entend bannir leur utilisation. Scientifiques et entreprises travaillent d’ailleurs activement à leur remplacement par des solutions plus durables.
Enfin, l’utilisation d’un climatiseur implique de rejeter l’air chaud extrait du logement à l’extérieur. Dans le cas d’une maison isolée, l’impact est quasi-nul. Mais en milieu dense et urbain, l’utilisation simultanée de climatiseurs peut aggraver l’effet d’îlot de chaleur urbain. Une étude de modélisation a ainsi démontré que « l’utilisation généralisée de la climatisation pourrait augmenter les températures extérieures jusqu’à 2°C à Paris, voire davantage en cas de canicules extrêmes ».
Le bon compromis de la climatisation réversible
Avant de faire son choix de climatiseur, l’ADEME recommande donc de bien regarder l’étiquette énergie. Le mieux est de se tourner vers les équipements récents et notés A+++. Il faut aussi savoir que les fabricants travaillent à améliorer la performance de leurs appareils. Surtout, l’ADEME préconise d’utiliser son climatiseur avec sobriété. En été, la température de confort d’été est située à 26°C (l’équivalent du 19°C en hiver). L’ADEME recommande donc de régler son thermostat sur cette température. Mettre la climatisation à 26°C au lieu de 23°C par exemple a aussi l’avantage de diviser la consommation d’énergie.
Dans la mesure du possible, l’Agence appelle aussi à associer l’alimentation de son équipement à de l’énergie photovoltaïque, en le faisant fonctionner durant les heures correspondant à la plage de production solaire. RTE compte d’ailleurs sur la production photovoltaïque d’électricité pour répondre à la hausse de la consommation des ménages liée au poste « climatisation-ventilation ».
Par ailleurs, il existe des alternatives à l’utilisation d’un climatiseur. Via l’installation de pompes à chaleur air-air, la climatisation réversible apparaît comme un parfait compromis. Ces dispositifs permettent de se chauffer en hiver et de rafraîchir son logement en été. Dans ce cas, ils se montrent bien plus économes en énergie, de l’ordre de 2,5 fois par rapport à un climatiseur. Pour l’ADEME, les PAC géothermales sont aussi une piste intéressante. Il s’agit là d’utiliser la température du sol pour rafraîchir un bâtiment. Moins technologiques, de bons systèmes d’aération naturelle peuvent aussi permettre de rendre un logement bien plus supportable en cas de chaleur.
Des bénéfices sanitaires à prendre en compte
Aujourd’hui, la climatisation réversible, qui permet une régulation stable de la température d’un logement, représente donc la solution de rafraîchissement la plus intéressante dans le secteur résidentiel. En substitut de radiateurs électriques, elle va même permettre de réelles économies d’énergie. Charge ensuite au consommateur de se montrer raisonnable dans sa consommation. À noter que cette solution est aussi très intéressante pour les entreprises et les industries.
Il est d’ailleurs certain qu’un système de rafraîchissement restera incontournable dans les bâtiments qui accueillent du public, à fortiori si celui-ci est vulnérable. En France, l’équipement des établissements recevant des personnes âgées a ainsi été considérablement renforcé depuis la catastrophe de l’été 2003, lors de laquelle près de 15 000 personnes avaient trouvé la mort en France à cause d’une canicule extrême.
Depuis 2019, on estime que 345 000 personnes sont décédées dans le monde du fait de vagues de chaleur. En France, sur la période 2014-2022, Santé publique France attribue près de 33 000 décès aux fortes chaleurs, dont une majorité de plus de 75 ans. À l’inverse, selon la revue The Lancet, 195 000 vies ont été sauvées dans le monde en 2019 grâce à la climatisation, soit trois fois plus qu’il y a vingt ans.
En définitive, le principal enjeu réside aujourd’hui dans l’impératif de limiter le plus possible l’impact des climatiseurs mais aussi de proposer des logements plus aptes à conserver la fraîcheur. Il apparaît également nécessaire de travailler à rendre les villes moins vulnérables à la chaleur et à démocratiser des alternatives de rafraîchissement accessibles et plus vertueuses comme les climatiseurs réversibles.
Le saviez-vous ?
Le recours à la climatisation est parfois incontournable, notamment pour les entreprises qui veulent garantir le confort de leurs salariés à toutes les saisons. Pour un impact maîtrisé, Rexel propose à ses clients une large gamme de climatiseurs réversibles.
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