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Électrification, sobriété et nouvelles technologies : comment baisser la consommation énergétique des bâtiments ?
Chauffage, climatisation, éclairage, équipements… Le bâtiment est le premier secteur en matière de consommation d’énergie en France. Pour la faire baisser, des solutions existent. Entretien.
Le bâtiment pèse aujourd’hui pour environ 25 % des émissions de gaz à effet de serre au niveau national, dont 18% liées à l’exploitation des bâtiments. Incontournable, la décarbonation de ce secteur passe par plusieurs impératifs qui sont au cœur d’enjeux extrêmement forts pour les clients de Rexel. Expert de l’électrification et acteur de la décarbonation, Rexel a précisément inscrit l’amélioration de la performance énergétique des bâtiments dans sa raison d’être. On en parle avec Grégoire Morineaux, Directeur Stratégie, ESG et Achats de Rexel France.
L'exploitation des bâtiments représente 47 % des consommations énergétiques annuelles françaises avec une empreinte annuelle de 75MtCO2 en 2021. Quelles solutions peut-on activer pour réduire l'impact de ces consommations ?
Grégoire Morineaux : On a un capital incroyable qui est sous-estimé et sous-exploité en France : notre mix énergétique. Aujourd’hui, si on considère les capacités de production, il est décarboné à plus de 90 %. Donc quand on électrifie en France, on utilise une énergie qui est faiblement émissive du fait de la nature du mix. Si on rentre dans le détail, la première source d’émissions et de consommation dans le bâtiment, c’est le chauffage. Ce sont donc les équipements de chauffage qu’il faut électrifier. C’est là qu’intervient la pompe à chaleur. Ensuite, d’autres moyens d’électrification existent, notamment des solutions de régulation thermique et de gestion des boucles d’eau chaude pour les infrastructures plus vastes. Dans tous les cas, des solutions techniques existent à la fois pour électrifier à la fois le chauffage des résidences individuelles et des bâtiments du secteur tertiaire. Pour le reste, les autres usages du bâtiment, comme les ouvrants, l’éclairage ou les télécommunications, sont déjà électrifiés.
Après notre mix, la sobriété énergétique est le deuxième levier important à considérer. Si on veut qu’un usage soit moins émissif, on va commencer par faire en sorte qu’il pollue moins à l’unité consommée et ensuite on va réduire les unités consommées. Au niveau des bâtiments, cela passe par des solutions actives : ce que l’on appelle la supervision énergétique. La première étape, c’est de mettre en place des systèmes de mesure énergétique. Quand je sais ce que je consomme, je sais ce que je peux réduire. Et puis il y a des solutions qui permettent, sur des usages identiques, de moins consommer. Le plus connu d’entre eux, c’est l’éclairage LED. La LED c’est beaucoup moins de consommation d’énergie que le fluorescent ou l’halogène d’hier. On a toutes les solutions aujourd’hui pour savoir ce que l’on consomme, comment et quand on le commence et ensuite mettre en place des systèmes de gestion. Aujourd’hui, la capacité à mieux consommer de l’énergie se démocratise. Nos systèmes actuels sont plus « intelligents » que les systèmes de domotique qui étaient utilisés encore récemment. Une concentration de technologies fait qu’un système devient autonome pour déterminer sur la base de l’usage que vous lui déclarez comment il va activer et gérer tout seul la mise en route des équipements pour en optimiser la consommation. On en arrive à ce que l’on appelle les technologies d’effacement d’énergie qui sont un gros enjeu pour les réseaux d’énergie de Enedis. Par exemple, les foyers qui sont généralement plutôt vides entre 10h et 16h vont être l’objet de besoins d’effacement au niveau du réseau pour éviter de diriger l’énergie dans des endroits qui n’en ont pas besoin et la réorienter là où il y a de réels besoins, notamment dans l’industrie. In fine, l’abaissement de la consommation d’énergie peut être résumé par ces leviers : électrification, sobriété et nouvelles technologies énergétiques qui permettent de démocratiser l’automatisation et le pilotage.
La volonté d'accompagner nos clients est une vocation culturelle chez Rexel.
Grégoire Morineaux
Directeur Stratégie, ESG et Achats de Rexel France.
Le décret tertiaire est une obligation réglementaire qui vise à réduire la consommation d'énergie finale du secteur tertiaire. Comment Rexel s'empare-t-il de cet enjeu pour les professionnels ?
G. M. : L’énorme majorité des clients que l’on adresse sont des petites et moyennes entreprises du bâtiment ou de l’industrie. Ce sont des clients qui apprécient énormément l’accompagnement qu’on peut leur apporter sur tous ces enjeux réglementaires qui sont parfois très complexes. La volonté d’accompagner nos clients et de les aider dans leur métier du quotidien est une vocation culturelle chez Rexel. C’est pour cela que nous avons mis en place le programme OPEN pour Optimisation de la Performance Énergétique. Il se décline en 3 axes : mesurer, définir des plans d’énergie et mettre en œuvre. La mesure de la consommation d’énergie se fait via diverses solutions et services qui impliquent à la fois du matériel et une plateforme logicielle. La deuxième étape, c’est de l’accompagnement et du conseil. Enfin, la mise en œuvre s’associe à un suivi de l’impact. Là, nous fournissons de l’accompagnement sur le matériel nécessaire, le financement associé au projet, etc. Il ne faut pas négliger le fait que le décret tertiaire contraint nécessairement à investir. On y adosse donc des solutions de financement pour faciliter cet investissement.
Comment s'insère la GTB (Gestion Technique du Bâtiment) dans les services développés par Rexel ?
G. M. : On a aujourd’hui une équipe d’une quinzaine d’ingénieurs spécialisée en gestion technique du bâtiment chez Rexel. Cette équipe apporte chez nos clients le support technique dans tous leurs projets de GTB. C’est aujourd’hui un moyen clé dans l’amélioration des consommations d’énergie. C’est une offre qu’on a intégré depuis plusieurs années dans notre portfolio et qu’on continue d’élargir avec des grands partenaires fournisseurs de solutions technologiques ad hoc. Par ailleurs, aujourd’hui, il y a dans les CEE une capacité de subventionnement des solutions de GTB qui vient donner une réelle impulsion à l’équipement des bâtiments. De fait, on exploite cette opportunité en proposant à nos clients de gérer leur dossier de CEE. Cela fait partie du bouquet de services financiers que l’on propose. C’est un bouquet que l’on a appelé SAFIR et qui intègre spécifiquement la constitution de dossiers pour récupération de subventionnement sur toutes les solutions de transition énergétique auprès de nos clients, majoritairement les CEE pour les professionnels.
Typiquement aujourd’hui, grâce à tout ce que l’on a mis en place avec le programme Open, nos experts techniques et nos ingénieurs en GTB, le programme de collecte de subventionnement SAFIR et plus globalement l’ensemble de notre plan d’offre sur des solutions techniques, nous arrivons à un chiffrage d’environ 36 millions d’euros d’opportunités d’installations de GTB en France aujourd’hui en sus du daily business qu’on a sur cette activité. Ce sont clairement des opportunités que l’on retrouve auprès de clients qui se sont engagés dans la mise en conformité au décret tertiaire.
Nous avons aujourd'hui une cartographie énergétique complète de nos 500 sites en France.
Grégoire Morineaux
Directeur Stratégie, ESG et Achats de Rexel France.
Avez-vous des cas concrets à nous présenter ?
G. M. : Nous travaillons avec une grande enseigne de retail implantée nationalement et pour laquelle nous sommes en train de déployer des solutions de GTB. C’est une enseigne qui est parmi les toutes premières à s’être engagée dans cet enjeu d’abaissement de ses consommations d’énergie. Quand nous avons commencé à travailler avec eux, ils étaient déjà dans cette démarche. Ils avaient identifié un levier via la LEDification de leur magasin. En commençant par ce bout-là, on leur a fait la prescription d’une solution de GTB. C’est vraiment ce qu’on engage avec nos clients.
On prévient systématiquement nos clients de ne pas être trop ambitieux avec le décret tertiaire en se disant qu’il faut tout faire d’un coup. On a quand même du délai dans le cadre de l’application du décret pour pouvoir arriver à réduire de 60% la consommation énergétique finale du bâtiment d’ici 2050. Nous leur proposons un chemin pour y parvenir. Celui-ci se fait par paliers en fonction des capacités, des opportunités et des solutions de financement qui peuvent être ajoutées. On se pose toujours la question de comment optimiser leur investissement par rapport aux bénéfices de consommation d’énergie qu’ils vont pouvoir en retirer. Typiquement, nous travaillons aussi avec de nombreuses entreprises du secteur Assurance / Mutualisme. Ce sont des entreprises très avancées sur ce sujet et naturellement engagées avec des problématiques ESG très ancrées au cœur de leur modèle. Ils ont l’enjeu RSE au cœur mais il y a aussi un enjeu de conformité légale et de consommation d’énergie. Il faut savoir qu’un assureur ou un mutualiste, c’est rapidement quelqu’un qui a plusieurs milliers de sites en France, des capitaux fonciers conséquents donc l’enjeu économique est majeur pour eux.
Enfin, comment Rexel s'est-elle appliquée à elle-même les impératifs de sobriété énergétique et de réduction de sa consommation ?
G. M. : Le premier client de la plateforme OPEN, ça a été Rexel. C’est une plateforme que l’on a montée en maturité en se l’appliquant à nous-mêmes il y a quelques années. Lorsque nous avons commencé à développer la plateforme, nous avons commencé à regarder quelles étaient nos consommations d’énergie. Nous avons donc mis en œuvre un certain nombre de moyens de mesures que nous n’avions pas auparavant pour avoir une cartographie complète. Désormais, nous disposons d’une cartographie complète sur nos près de 500 sites en France. Cela nous permet de disposer de données sur les plages de consommation énergétique heure par heure et jour par jour. On sait donc identifier ce qui consomme trop : est-ce que c’est le chauffage à tel endroit ? L’éclairage à tel autre ?
En 2022, nous avons défini un plan d’investissement de plus de 10 millions d’euros sur 3 ans dédié à l’efficacité énergétique de nos bâtiments. Nous avons ainsi identifié parmi nos sites plus de 130 passoires thermiques. Nous travaillons aujourd’hui sur de l’électrification des usages, de l’optimisation du contrôle et du pilotage d’énergie mais aussi sur de l’isolation. Et nous avons tout un plan de suivi et de pilotage au niveau du comité de direction d’entreprise. À la fin de l’année dernière, au bout de 18 mois de programme de sobriété énergétique, nous avons constaté une baisse de 18 % de nos consommations énergétiques et de l’impact carbone associé. Nous avons mis des pompes à chaleur, des GTB et des panneaux photovoltaïques sur le toit des bâtiments. Nous sommes actuellement en train d’équiper l’intégralité de nos agences en France de bornes de recharge pour véhicules électriques. Ça dépasse le cadre de la sobriété des bâtiments mais c’est aussi un vecteur d’électrification des usages par notre biais.
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