
La filière électrique, aux avant-postes de la transition énergétique
À l’heure de la transition énergétique, quels enjeux et évolutions pour les professionnels de l’électricité ? Pour le ministère du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion, la question est majeure. Car ces métiers essentiels à l’électrification du pays sont toujours en tension.

Cet article est extrait du Magazine La France électrique.
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Quelle place pour la filière électrique dans un monde en pleine mutation énergétique ? Pour comprendre ces enjeux et les défis futurs du secteur, le ministère du Travail, à l’initiative de la Délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle (DGEFP), a réuni les parties prenantes de cette transition. L’État, les organisations professionnelles et les fédérations syndicales se sont regroupés pour former l’Engagement de développement de l’emploi et des compétences (EDEC). De leurs observations et analyses a été tirée l’« Étude prospective emplois et compétences de la filière électrique », publiée en 2020. Un état des lieux inédit du paysage de l’électrique et des pistes d’action.
Transformation de l’environnement et métiers en tension
En France, la filière électrique concentre 69 % des emplois dans le secteur de l’énergie – alors même que la consommation ne représente que 25 % du total, souligne le ministère du Travail dans son étude. Une place centrale amenée à se consolider : demain, de nombreux emplois devraient être créés, tandis que d’autres sont amenés à évoluer. Selon le ministère du Travail, la filière pourrait ainsi représenter près de 200 000 emplois supplémentaires, pour atteindre les 825 000 emplois en 2030. Parmi les domaines les plus porteurs, la rénovation énergétique, qui pourrait créer jusqu’à 80 000 nouveaux emplois, ou les énergies renouvelables électriques, avec entre 34 000 et 66 000 emplois supplémentaires, selon les estimations.
Le secteur se développe et connaît de profondes transformations. Dans son étude, le ministère souligne les principales forces en action :
– la numérisation et l’intégration des outils numériques ;
– la décarbonation du secteur énergétique, par la maîtrise de la demande, l’évolution du mix énergétique et par l’électrification de nombreux usages (chauffage, mobilité, industrie…) ;
– la décentralisation de la production électrique, avec le développement des énergies renouvelables et le rôle croissant des territoires dans le déploiement de la transition énergétique ;
– et enfin le développement de nouveaux usages dans le secteur énergétique, comme le stockage d’électricité, l’électromobilité, les bâtiments connectés ou encore l’autoconsommation.
Une mutation à marche forcée qui met le secteur sous pression. Sur les 100 métiers de la filière électrique recensés dans l’étude, les auteurs ont identifié 23 métiers considérés comme « en tension » au regard des besoins de la transition énergétique et numérique. Cette tendance s’exprime, selon les métiers, par une forte augmentation du volume d’emplois à pourvoir, par une difficulté particulière des entreprises à trouver les bons profils pour ces postes (en raison de leur rareté, d’une concurrence accrue entre filières ou d’une inadéquation des profils aux besoins), ou par un haut degré de transformation du métier, en matière de compétences et de formations requises. Parmi ces professions en tension, celle d’installateur photovoltaïque, d’ingénieur énergéticien, de technicien de maintenance électronique ou encore de soudeur.
Selon le ministère du Travail, la filière pourrait ainsi représenter près de 200 000 emplois supplémentaires, pour atteindre les 825 000 emplois en 2030.
Adapter, développer, anticiper
Pour répondre à cette problématique, la clé, c’est la formation. Ainsi, les expertes et experts préconisent d’adapter la formation professionnelle continue aux compétences nécessaires pour le secteur. Mais également de développer l’attractivité des métiers auprès des jeunes et des personnes en recherche d’emploi. Dans cette filière au fort ancrage local, le territoire joue également un rôle central dans l’anticipation des besoins en emplois et compétences et la gestion des parcours professionnels.
Pour accompagner ces objectifs et répondre aux besoins des entreprises, l’État a lancé en 2021 un appel à manifestation d’intérêt « Compétences et métiers d’avenir » et y consacre 2,5 milliards d’euros sur cinq ans. Trois projets lauréats sont positionnés sur la filière électricité :
– « COMED : Compétences et métiers des énergies décarbonées », qui vise à construire une cartographie des formations disponibles selon les industries ;
– « ARA DECA : Impact des projets de décarbonation sur les compétences et métiers au sein des entreprises industrielles », destiné à mettre en place des formations autour des questions de décarbonation de l’industrie et de production de véhicules électriques ;
– « ELECTRO’MOB », qui vise à proposer 850 formations d’ici 2027, notamment dans le secteur de la batterie.
En parallèle de cet appel à manifestation d’intérêt, d’autres projets sont en construction, comme les Écoles des réseaux pour la transition énergétique, partenariat entre les grands acteurs de la filière (Enedis, RTE…) et les établissements scolaires professionnels. Depuis 2023, 50 lycées professionnels forment leurs élèves dans le cadre de ce dispositif, étendu depuis la rentrée 2024 aux BTS.
L’électrique est une voie d’avenir et qui a du sens. Étudiants et professionnels aguerris prennent de plus en plus conscience de leur rôle dans la transition écologique, et la filière met en avant l’importance de ces métiers dans le développement des énergies renouvelables, l’efficacité énergétique et la réduction de l’empreinte carbone. Un atout de plus pour recruter et accompagner l’électrification massive et nécessaire de la France.
Crédit photo : Shameer Vayalakkad